En 2006 j’ai écrit une très longue page où je disais du mal des deux premiers albums de Stupeflip. J’en disais du mal en disséquant excessivement tous leurs morceaux. Cette page m’a valu pas mal de réactions négatives. Apparemment je me prenais trop la tête Stupeflip c’était juste un délire, j’étais trop con et j’avais rien compris au Crou. C’est probablement vrai.

A l’heure où je ré-écris cette page, nous sommes en 2012, le troisième album est sorti et j’ai vu Stupeflip en concert quand ils sont passés au Bataclan en 2011, Avec le temps, certaines opinions changent, d’autres surgissent, et il me semble que cette page a besoin d’un grand nettoyage. Ce que vous êtes en train de lire est donc la version remaniée de l’ancienne page. (Si vous voulez relire l’ancienne page, envoyez-moi un mail).


Quand j’ai découvert Stupeflip, c’était avec «J’fume plus d’shit». J’avais beaucoup aimé le coté rigolo de la chanson, et, j’avoue, le fait de se foutre un peu de la gueule des gens qui fument du shit (même si c’était de l’autodérision) ne m’avait pas laissé indifférent.

La chanson faisait passer les gens qui ne fument pas de shit comme des neuneus mais bon, pourquoi pas, la chanson était fraiche après tout. Et puis j’ai découvert le single «Stupeflip», et on m’a fait écouté un autre morceau que j’ai tout de suite adoré : «A bas la hiérarchie».

Fort de cette belle mise en bouche, j’écoutais alors l’album éponyme. Et c’est là que j’ai été déçu. Déçu car (à tort ?) j’imaginais que tout l’album était aussi bien que ces trois morceaux. J’imaginais que l’album nous plongerait dans un univers complexe, fouillé… Il est aussi tout à fait possible que je sois trop exigent mais merde, c’est sacrément frustrant de voir un univers aussi original ne pas être développé.

Regardez donc la pochette : un vaisseau qui quitte la Terre (celle-ci explosant) où vont donc aller les Stupeflip ? Qu’est-ce qui fait qu’ils ont quitté la Terre ? Pour beaucoup de fans avec qui j’ai correspondu, mes questions semblent être du pinaillage de merde, alors que pour moi, bien au contraire, c’est plutôt façon de pouvoir développer un univers, de raconter une histoire, c’est un formidable espace de liberté, une évasion… Au lieu de ça, qu’est-ce que ça raconte, Stupeflip ? Et bah, pas grand-chose malheureusement. Enfin, pas grand-chose de mon point de vue de mec qui aime bien que les choses soient un minimum fouillées. J’en demande trop ?

Le Crou ne mourra jamais ? Ca me va. Stupeflip c’est un truc stupéfiant ? Je valide : le morceau-titre est stupéfiant et ouvre l’album en beauté. Ils font des rimes qui riment pas ? J’aime beaucoup, ça change, j’aime cette liberté (toutes les paroles du premier morceau sont un enchantement).

La présentation du Crou ? Elle me va aussi. C’est un peu mystérieux, un peu flippant, ça me va. Puis arrive le morceau «Je fume pu d’shit». D’accord, c’est rigolo, j’aime bien. Puis «J’refume du shit», sympa l’idée de l’idée inversée.


L’explication numéro un ? Un peu une redite de la présentation du Crou, mais pourquoi pas, ces interludes me plaisent. L’épouvantable épouvantail ? Un membre du Crou, à priori. Intéressant ? Je ne sais pas, le personnage est à peine esquissé. Encore un interlude, puis un autre titre : «Les monstres». Kingju aimait bien les monstres quand il était enfant. Ok. Crou nostalgie ? Rien à dire. Puis vient un autre personnage : Pop-Hip, qui est un peu l’excuse de Stupeflip pour pouvoir interpréter des trucs plus léger, volontairement un peu concons, mais pourquoi pas (enfin au bout de trente secondes, je zappe). Ca chante en anglais, la musique fait un peu Blink 182, dommage. Bref. Comme les zot ? Idée très sympa. C’est quand que ça va bouger ?

Media Terror ? Juste Stupeflip qui nous parle de ce qui se passe autour de lui. Pas génial. Arrive alors « Le C.R.O.U.», un morceau qui parle entièrement de quelque chose se passant autour de Stupeflip. A part quelques lignes bien pensées «Maintenant j’ai signé, et y’en a plein qu’ça a excédé, mais c’était ça ou décéder sans CDD sans avoir fait d’CD» pas grand-chose à se mettre dans l’oreille. Stupeflip (via le rappeur Mangu) tape un peu sur Johnny Hallyday, la Starac, Popstars, rien de méchant, pis c’est trop facile. Heureusement à la fin MC Salo dit un truc que j’aime beaucoup : «On dit que pétrir, c’est modeler, moi j’dis que péter, c’est démolir». Puis vers la fin, Kingju dit (à propos du fait qu’on ne sait pas grand-chose du Crou) «Faut bien garder un peu de mystère, exactement comme le mystère au chocolat».

Ok, un album avec un super univers, mais on dit rien dessus pour garder le mystère, euh, d’accord. Mais c’est frustrant non ? C’est le principe ? Un autre interlude, puis enfin arrive le sublime «A bas la hiérarchie». Tout est bien dans cette chanson. L’intro, le refrain, les couplets, franchement y’a rien à jeter.

Dommage que juste après il y un morceau appelé «La bavure de Pop-Hip». On dirait du Air, dommage.

On se réveille un peu avec The Cadillac Theory qui déboule juste après avec un plaisir scato des plus réjouissant (en beaucoup moins poussé que Jean-Louis Costes, quand même). Je passe sur «Passe mon truc», rigolo, sans plus, et encore plus sur «Stupeflip Home Version» calme, plat, inoffensif.

L’album se termine par «Annexion De La Région Sud» (à ce stade-là je précise que j’ai pas vraiment compris les enjeux de toutes ces régions, annexions, ères du Stup etc mais bon, je dois un peu trop me prendre la tête ?) dans laquelle Kingju fait des dédicaces à tout le monde. J’aime beaucoup l’ambiance, vraiment, musicalement ça me plait. Ca me plait autant que je suis frustré que ce ne soit pas plus developpé.

A force d’écouter ce premier album, je me suis rendu compte que finalement j’écoutais toujours les mêmes titres (Stupeflip, J’refume du shit, Le CROU, A bas la hiérarchie). Autour de ça, c’est un peu le vide. J’ai du mal avec Pop-Hip, parce que le coté rigolo, d’accord, mais ça tourne tellement en rond que j’ai du mal à écouter ça plus de trente secondes. Les interludes, très sympas également, mais ça tourne un peu à vide aussi. D’ailleurs à propos de ces interludes, je les trouvais (à l’époque) fantastiques car ils instauraient un vrai climat de mystère, un truc inquiétant, et je n’attendais qu’une seule chose : voir cet univers se construire.

Arrive alors le deuxième album : Stup Religion. Dès le début, j’ai été un peu gêné par l’insistance qu’a Stupeflip à parler de ce qui se passe autour de Stupeflip. Je veux dire, qu’est-ce que Stupeflip a besoin de se faire chier à taper sur les gens qui n’aiment pas Stupeflip ? On s’en fout, des gens qui n’aiment pas, non ? Le Crou a vraiment besoin de se défendre ? Est-il seulement attaqué ? Et si oui, qu’est-ce qu’on s’en fout ?


Heureusement, les affaires reprennent vite avec le deuxième morceau, une véritable tuerie bien qu’un peu plombée par des paroles parlant de retour, des gens qui pensaient que Stupeflip n’était qu’un coup etc.

Enfin bon, ça démarre quand même très fort. Suit un morceau appelé «La Religion du Stup» qui me laisse assez froid. En fait, tout me laisse assez froid (notamment l’insupportable «Stup Danse» qui sent déjà la copie de n’importe quel autre titre du Crou) jusqu’au morceau de Pop-Hip qui insuffle un peu d’air frais («Moi j’aime bien faire de la voiture…») puis aux 35 Animaux Morts qui suivent juste après.


«L’enfant fou» est un morceau intéressant (préfigurant le troisième album). Ensuite, bah… J’ai du mal avec tout ce qui suit (ça ressasse la même chose) à part le tout dernier morceau, qui est vraiment très bon : «West Region'S Inquisitors» ! A partir de une minute vingt, j’aime beaucoup ces changements d’ambiance (même si la batterie ne change pas), des couleurs différentes, des voix qui varient, une vraie progression, de l’émotion qui prend son temps…

Cadillac raconte une histoire : il a été voir un spectacle de Casimir étant enfant, et au moment d’aller voir Casimir dans les loges, il se rend compte que Casimir n’existe pas en voyant le costume accroché au Mur. Parallèle avec Stupeflip, qui avancent eux aussi masqués : «Les mecs de Stupeflip, Papa, ils sont vides aussi ?» Juste après, il y a un texte que j’aime beaucoup, qui me parle, qui me parle, qui me parle : «Y’a des humains qui m’ont dit « T’as des problèmes pour trouver ta place dans la société ? Alors prends ça comme un Jeu… » L’hypocrisie au travail ? Prends ça comme un jeu… Marcher sur la tronche des autres ? Prends ça comme un jeu… S’faire traiter comme une sous-merde ? Prends ça comme un jeu… Paraît qu’dans les écoles de commerce on apprend à enculer les autres… C’est pas bien.» Puis le morceau s’enfonce dans un délire sonore pas trop mal.


Suite aux ventes de ce deuxième album, la maison de disques du Crou (BMG )décide de rompre leur contrat. S’ensuit un procès, perdu par Stupeflip (via leur manager) et six années de silence pendant lesquelles Kingju fait divers trucs à droite à gauche : duo avec «Simone Elle Est Bonne», duo avec Ed Wood pour «La Partie Commence », musique pour l'exposition Gallierock de Jean-Charles de Castelbajac, un titre avec Lofofora sur l'album Mémoire de singes (avec une pochette signée Kingju).

Parallèlement, sur le MySpace de Kingju, divers morceaux apparaissent et un troisième album (autoproduit, cette fois) sort début en 2011. Six années de silence, ça travaille. Alors ça donne quoi, le Crou, six ans après ? A-t-il évolué ? Est-il encore plus énervé qu’avant ? Moins énervé ? Pareil ?


Et bah c’est pareil. Et c’est justement ça qui me déçoit un peu dans le troisième album, intitulé « The Hypnoflip Invasion ». Cet album pourrait être le premier ou le second qu’on ne verrait pas la différence. Pas d’évolution, pas de changement, la même formule, les mêmes tics. Les morceaux rock/rap sont là, les interludes, Pop-Hip est là, les voix rigolotes sont là, tout le monde est là. C’est énergique, ça défonce, ça castagne, y’a des rimes qui claquent, bref, contrat rempli. Objectivement, c’est bien.


Après, pour ceux (dont je fais partie) qui auraient adoré voir Stupeflip pousser son univers un peu plus loin, et proposer un truc un peu plus frais, quitte à ce que ça soit foiré, c’est la catastrophe. Le seul truc nouveau dans ce troisième album, c’est quand Pop-Hip meurt.

Pourtant, le début de l’album est magnifique, à commencer par l’intro qui reprend le motif qui clôt la fin de l’album d’avant, puis nous embarque dans une ambiance tout aussi Stup Religion, mais avec cette fois-ci une nouveauté : INVASION ! Chouette, une invasion, les Légions du Stup vont tout envahir, tout péter ? Ca me plait. J’ai hâte.

Le deuxième morceau (Stupeflip Vite) ouvre donc cette invasion avec force matraque et moult rimes qui claquent. Seulement ça ne suffit pas. Ok la musique est très bonne, le rythme est bon, les paroles résonnent bien, mais comme je le disais plus haut, ça pourrait tout aussi bien être un morceau des anciens albums : très bon, intemporel, mais décevant pour peu qu’on cherche une trame narrative (Stupeflip revient, déteste toujours autant les gens, blablabla…). Mais bon, patientons, la suite sera surement meilleure. Et comme introduction, un morceau comme ça, ça envoie quand même pas mal. Enfin ça envoie pas mal mais certains tics sont toujours aussi agaçants (« Sequestré, bayonné, ligoté ») qui revient 457 fois dans le morceau, ça va bien cinq minutes. On ne se lasse pas tous des mêmes trucs, pas vrai ?

J’aimais bien le titre du troisième morceau (La Menuiserie) jusqu’à ce que j’entende le morceau en question. Musique assez banale, des cris, des sons de menuiserie (original…), des rimes pour faire des rimes (pourquoi pas) et toujours « Stupeflip c’est bien, les autres c’est pas bien ». Dans un couplet, Kingju implore sa maman de ne plus retourner à l’hôpital car les gens l’y maltraitent. Ca fait un peu léger, même si je comprends qu’on puisse très bien se satisfaire de ça. Le morceau se termine avec un son de radio qui introduit le prochain morceau, à savoir « Gaëlle », morceau chanté par Pop-Hip.


Et là, désolé mais je ne peux vraiment pas écouter ce titre sans être frustré. Le refrain est bon, mais niveau couplet, c’est le néant (ce sera pareil plus loin) et c’est vraiment, mais alors, vraiment creux. Même chose pour les paroles, qui sont pour le moins banales (mais c’est peut-être voulu, vu que c’est Pop-Hip qui chante).

Le problème de ce titre vient du fait que sur les anciens albums, quand Pop-Hip chantait, c’était du Stupeflip dans le texte. C’était rigolo mais y’avait un fond derrière (Les Cages en Métal), ne serait-ce qu’un bout de message à grignoter. Là, on subit quatre minutes de Pop-Hip qui dit qu’il est triste car Gaëlle lui manque. Quatre minutes. Faire exprès de faire une chanson con pour se moquer des gens qui font des chansons cons ? Pop-Hip c’est naze mais c’est fait exprès ? Bah, ouais, mais désolé, j’arrive pas à écouter ça plus d’une minute.


A la fin du morceau, le Crou dit à Pop-Hip de la fermer (comme d’hab) et on enchaine avec Check Da Crou, titre éminemment différent dans l’ambiance et le propos de Gaelle, mais toujours aussi pareil que d’autres titres du Crou. Ca parle des Stup-Fanatiques, d’autres trucs, c’est assez lassant (puisqu’il ne s’y passe pas grand-chose de nouveau).

Le Spleen des Petits est un titre intéressant. Ca me rappelle un peu (dans une certaine mesure) « Poussière d’Enfants » du Klub des Losers et j’aime bien cette évocation de l’enfance. C’est pas que je m’y reconnaisse forcément mais j’aime cette façon qu’à Stupeflip de parler de l’innocence des enfants face au monde dégueulasse. Oui ok bon c’est un peu cliché, mais y’a une sincérité dans le propos qui me touche (comme dans le tout dernier morceau de l’album). A la fin, énervé par tant de vilénie, le Petit crie vengeance. Sympa. S’ensuit un très rapide passage parlé nous apprenant l’existence du membre le plus dangereux du Crou, dont le nom est dit à l’envers (il s’agit du vrai nom de Cadillac).


Et on enchaine sur le morceau suivant, Hater’s Killah, assez lourd, musicalement assez ennuyeux, dont le propos durant 3 minutes 42 est « Stupeflip c’est pas n’importe quoi, et ceux qu’aiment pas ce sont des jaloux pas sympas ». Autre interlude : Strange Pain, ambiance religieuse, discours à l’envers, et on enchaine sur un titre catastrophique : Gem Lé Moch.

Ca rappelle beaucoup Java pour la gouaille et l’intonation (on est pas loin de l’imitation). Comme pour Hater’s Killah, le propos est simple (pourquoi pas) mais ça dure trois minutes sans aucun développement (l’ennui, l’ennui, l’ennui).

Morceau suivant : Sinode Pibouin, encore une bizarrerie religieuse à la Stup Religion. On pourrait très bien zapper (ce morceau ne nous dit rien qu’on n’a pas déjà entendu dans l’album d’avant) sauf que le début du titre contient quelque chose qui m’interpelle. On entend un gamin (Joel) qui dit « C’est toujours la Religion du Stup, ils ont pas évolué du tout, c’est encore la même chose. Et moi j’en ai marre… » mais il est interrompu par un membre du Crou qui lui rétorque « Mais croyais-tu sincèrement que la Religion du Stup pouvait s’éteindre ? » On appelle ça noyer le poisson, ou répondre à coté… «Oui mais c’est de l’humour !» Moui mais non, d’un coté Stupeflip se déguise dans la peau d’un enfant pour décrire les méchants adultes, et dans le morceau d’après il se déguise en méchant adulte qui esquive la question (au demeurant pertinente) d’un gamin. Pas bien cohérent.

Pour continuer dans la déchéance, encore un morceau de Pop-Hip : « Ce Petit Blouson En Daim », dans la même veine que Gaëlle, mais sur un autre thème : Pop-Hip a vu un petit blouson en daim, et espère qu’il lui ira bien quand il ira l’essayer demain. Trois minutes trente deux comme ça, avec un tout petit changement à la fin, quand Pop-Hip change un peu les paroles en disant que finalement il a vu dans le magasin une fille aux jolis seins et qu’il espère qu’elle lui ira bien. Pourquoi pas, mais c’est sans moi. Juste après, un magnifique interlude intitulé Dark Warriors dans lequel des gens discutent tandis qu’un gars répète « Moi j‘pense que les gens sont trop durs en général. » Complètement surréaliste, j’aime beaucoup.


S’ensuite un instrumental avec des chœurs religieux derrière, du plus bel effet. Et une voix à la fin « Pop-Hip doit mourir ». Puis un autre interlude : « Ancienne Prophétie » n’apportant pas grand-chose, un peu du remplissage, avec le même baratin, blablabla…

Apocalypse 894 est un titre pas trop mal musicalement. Niveau textes, j’aime bien les rimes, même si comme d’habitude on ne sors pas des sentiers battus : «Je suis Stupeflip, j’fais des trucs de ouf, c’est trop bien». Le refrain « The Crou, it’s just another way of thinking, i don’t know if you realise» me laisse perplexe.


Le titre suivant, dédié à Mylène Farmer, possède une petite dose de surréalisme bienvenu. Arrive ensuite «La Mort à Pop-Hip», petit interlude dans lequel Pop-Hip se fait tuer… Pas grand-chose à dire. Idem pour  Le cœur qui cogne» et ses rimes faciles, que je ne peux honnêtement pas écouter plus d’une minute non plus. Un nouvel interlude arrive : «Keep the Faith» avec pour la 4587ème fois « Le Crou est là, entre autre, pour terroriser la population » et une musique qui ne bouge pas pendant un peu plus d’une minute.

Arrive alors la fin de l’album, qui se conclut de manière fabuleuse. Autant l’album est très bancal, autant ce dernier morceau est une tuerie. Sur une musique du plus bel effet, le titre commence par une série de dédicaces (pas bien original mais attendez la suite) puis vers 2 minutes 45 déboule une petite histoire narrée par le petit Popol, également nommé Cheetah, the Italian Monkey.


L’histoire ne vaut pas grand-chose (un souvenir d’enfance de fête nationale) mais contient un passage que j’aime bien, où Popol dit :

«J’aime bien les scènes de danse dans les films. La musique y est souvent étrange…» et là, la musique devient triste, assez mélancolique, et Kingju débarque pour des paroles divinement belles, qui à elles seules rachètent la banalité du reste de l’album. Les voici :

«EH ! EHHHHHHH ! EH tu sais ce que j'ai au bout des doigts? J'ai un crayon Titi! Eh ouais ! Un crayon avec un tête de Titi au bout. Et avec ce crayon Titi, j'vais écrire un maximum de trucs passque j'ai envie d'bouffer la terre entière ! Waaaah ! J'vais vous STUPEFIER avec ce crayon Titi, parfaitement ! J'vais vous scotcher à base de son de ouf qui t'emporte la tête, j'vais vous TITizer la cervelle, j'vais en faire du flan Alsa, tout ça rien qu'avec mon crayon titi ! MMMMmeuh !

Et Stupeflip alors ? Mais Stupeflip il était loin, très loin, dans une autre galaxie ! Mais alors quessqu'il faisait? Bah il était en méditation transcendantale. Il était en pleine ascension exponentielle. Il avait plein d'trucs à dire mais il était très occupé, tu comprends ? Il était occupé avec des trucs importants ! Mais non il était jamais parti ! Mais oui parce qu'il était resté là, dans un coin de ta tête. Et parfois ce p'tit coin il prenait beaucoup de place ! Mais ça je l'sait qu'il prenait d'la place dans ta p'tite tête de moineau ! Dans ta ptite tête de titi !

Si il est sympa Stupeflip ? Mais ouais t'inquiète il est sympa! Ouais enfin il est sympa mais faut pas trop v'nir lui chier dans les bottes ! Il observe, il est pas concerné il achète des crayon Titi par exemple ! Un crayon Titi sa donne du courage ! Tu t'sens moins seul, ça donne envie de tous les niquer une bonne fois pour toutes ! Ca donne envie d'les trainer dans la boue A BASE DE CRAYON TITI !!! S'il est triste ? Mais bien sur qu'il est triste ! Il est mélancolique, il comprend pas que le temps passe si vite. Il est complètement perdu, il est malheureux ! Il voit les gens vieillir, et ils vieillissent à vitesse grand V ! Comme dans la planète des singes. Mais t'inquiète pas il va t'aider à affronter tout ça. Il est là maintenant, ok calme toi. Calme toi je te sens extrêmement stressée. Tu sais quoi? Tu devrais t'allonger et oublier tes soucis. Parce que t'inquiète pas maintenant il est là Stupeflip ! Et il va s'occuper de tout, il va faire les commission, vider la poubelle, il ira à la pharmacie t'acheter des médicaments, Et après tu verra tout rentrera dans l'ordre! Ca ira mieux ! Mais non, mais non il t'a pas laissé tomber il est là maintenant....»


Magnifique non ? La musique me parle, les paroles me parlent, c’est du bon boulot. Alors pourquoi est-ce que tout l’album n’est pas comme ça ? Est-ce que je suis trop exigeant ? Quelques secondes après le dernier morceau démarre un autre morceau «Cold World» que j’aime un peu, malgré une batterie limite.


Heureusement que les sons lancinants rattrapent le tout. Oui je sais je ne suis jamais content, mais comment voulez-vous l’être face au gachis que Stupeflip fait de son univers ? Comment ne pas être énervé en lisant cette interview dans laquelle Kingju peine à répondre aux (pertinentes) questions du journaliste, avouant ici et là que finalement, tout ça c’est du n’importe quoi ?

Oui je suis énervé, et frustré, car sur scène, c’est pas pareil : c’est mille fois mieux ! Parce qu’ils jouent un peu du premier album, un peu du deuxième, un peu du troisième (tout ça dans le désordre) et que ça forme un best-of très très très convaincant. Du moins c’est ce que j’ai ressenti en allant les voir au Bataclan en 2011 : un très bon groupe avec un très bon univers pour un très bon concert. Quel dommage que les albums ne soient pas aussi cohérents, mais bon, et si c’était pas grave après tout hein ?

[ 6 Mai 2012 - E-Mail ]