[ Trilogie Kohntarkosz - Acte II - Kohntarkosz ]

Sur pas mal de sites, on trouve cette description donnée par Christian Vander : « Un jour, un homme appelé Kohntarkosz découvrit la tombe d’un ancien maitre égyptien, Ëmëhntëhtt-Rê, mort assassiné. Il fut tué alors qu’il était sur le point de détenir le secret de l’immortalité. Kohntarkosz pénétra dans sa Tombe (première face de l’album vinyle) et arriva devant la porte funéraire.

Ici, il entendit la musique des anges. Alors qu’il ouvrit la porte, la poussière qui s’était accumulée là depuis des générations l’envahit, et il eut une expérience mystique: il vit la vie entière d’Ëmëhntëhtt-Rê. Il s’évanouit, et découvrit en songe tous les secrets qu’Ëmëhntëhtt-Rê avait atteint. Quand il se réveilla, il ne se souvenait de rien, à part quelques bribes qu’il essayé de rassembler, pour tenter de reconstruire l’héritage d’Ëmëhntëhtt-Rê.


Il lui faudrait une vie entière pour arriver au stade d’Ëmëhntëhtt-Rê: prêt à recevoir la vie éternelle des mains du dieu égyptien de la création : Ptah, flottant dans l’éspace, endormi.» Suite à la sortie d’ Ëmëhntëhtt-Rê en 2009, l’histoire a été quelque peu modifiée : Ëmëhntëhtt-Rê n’aurait pas été assassiné, mais aurait « disparu ». Kohntarkosz est un album qui ne se laisse pas apprivoiser comme ça. Je me souviens que la première fois que je l’ai entendu, j’ai eu l’impression qu’il ne se passait rien, jusqu’au final dantesque. Puis, en le ré-écoutant, je me suis aperçu que Kohntarkosz n’est pas vraiment le même Kohntarkosz qui m’avait ennuyé. Il faut savoir que le morceau figurant sur l’album n’est plus la version que joue Magma sur scène. En concert, et ce dès 1975, Kohntarkosz a subi des changements. Voici mon interprétation de Kohntarkosz.

Kohntarkosz est divisé en 2 parties sur l’album. En fait, durant 30 minutes, il est composé de 3 Parties : l’introduction, sorte de grand cataclysme, sombre et pesant, nous fait entrer dans la tombe d’Ëmëhntëhtt-Rê (comme indiqué sur le vinyle : « Entering the Tomb of Ëmëhntëhtt-Rê »), qui n’avait jamais été ouverte depuis l’Antiquité.


En concert, Klaus Blasquiz annonce l’entrée dans la Tombe : Kohntarkosz entre, et salue en disant le mot Kobaïen : « Hamataï » (Hamataï signifie la même chose que Hamtaï) Christian Vander dis lors de quelques interviews qu’Ëmëhntëhtt-Rê est le premier à avoir utilisé le Kobaïen sur Terre. C’est donc tout naturellement que Kohntarkosz pénètre dans la tombe en parlant la même langue magique. On peut aussi penser que Kohntarkosz prononce le Hamataï pour ouvrir le tombeau, comme un sésame. Le tombeau est peut être un palais entier, rien n’est précisé, après tout une pyramide entière est un tombeau, et si Kohntarkosz entrait tout simplement dans une pyramide ?

Dans la version enregistrée en 1974 à la BBC, ainsi que sur scène, cette introduction furieuse est agrémentée de percussions variées, de grelots, donnant ainsi plus de vie, plus de consistance, plus de fraîcheur aussi, je trouve. Une fois entré, après l’introduction qui va en s’accélérant autour de 5 notes, les chœurs arrivent, en scandant « Doweri Soï » tandis que la guitare (ou le synthé, au choix) enrobe le tout d’une ambiance cinématographique assez angoissante et lancinante, très descriptive. Encore quelques Doweri, et nous voilà en plein tombeau.


Christian Vander a très souvent dit que Kohntarkosz est un album « où ce qui semble le temps est le contretemps, d´ou émergent à leurs tour les contretemps du contretemps, positionnant le tout totalement différemment dans l´espace » On peut interpréter ces contretemps par la différence de tension entre le rythme du cœur de Kohntarkosz, et celui de la pyramide, recevant un visiteur après avoir été inviolée depuis bien longtemps. Tout est en contretemps, il y a plusieurs époques : Antiquité / époque contemporaine, langue normale / Kobaïenne, vie / mort etc.


Au bout d’une dizaine de minutes, la première partie de Kohntarkosz se finit avec des montées de chœurs que l’on retrouvera dans la troisième partie, lors de « l’Illumination » (passage que Christian nomme « Selflessness »). Il reste 20 minutes. Juste après les Montées de Chœur s’installe une Ambiance très Sombre, parcourue (en Live) par Klaus Blasquiz glaçant avec ses « Heh Hey Hey Hey… », puis la Guitare, les chœurs ou le violon (selon les interprétations) jouent le final de la première partie, annoncé par un autre Texte : « De Urwah De Glecht, de Urwah de Zebehn, de Urwah de Urwah Kamkaï… » très proche de l’introduction de MDK ! Enfin, nous entendons « Ï ! Dëts Ï ! Dowerï Söhndë Loï ! » que l’on entend également dans le premier mouvement de Theusz Hamtaahk. Sur la version album, des petites notes cristallines (disparues lors des interprétations ultérieures) parsèment cette fin, avant que nous passions à la « Part 2 » de l’album studio.


Une douce mélodie s’installe, tandis que Christian fouette ici ou là sa batterie, instaurant un climat mystérieux. Dans la version album, un synthé joue une mélodie avec un son très égyptien. En live, ce passage devient un chant, comme une annonce. On dirait une sorte de litanie. Puis viennent les fameuses trois notes qui vont nous accompagner jusqu’à la fin. La batterie s’emballe peu à peu, puis retombe, l’orage arrive. En concert, ce passage servira à présenter les membres du groupe, les « Combattants de la Zeuhl Wortz » (Klaus cite les musiciens en les nommant par leur nom Kobaien).

Puis, Stella Vander entonne la Musique des Anges qu’entend Kohntarkosz avant de recevoir l’Illumination. Nous sommes en pleine deuxième pPartie de Kohntarkosz, partie qui s’achève lorsque l’Illumination surgit de nulle part avec Klaus criant « Hhaï ! Hhaï ! Hhaïïïïïï ! » (Hhaï = Vivant) comme si Ëmëhntëhtt-Rê revenait à la Vie et enseignait tout son savoir à Kohntarkosz. C’est parti pour le Final de Kohntarkosz !

Dans la version studio, l’Illumination est l’occasion d’un solo de guitare lancinant, jouant à fond la carte de l’Egypte, avec en fond les « Ouh ! Ouh ! Ouh ! » hypnotisants. Notez le piano qui martèle bien, recelant ici une vraie folie, avec Klaus scandant ses « Ko-Ko-Baïa ! Ko-Ko-Baïa ! Ko-Ko-Baïa ! » avant que Christian n’intervienne pour un discours étrange, probablement les dernières paroles d’Ëmëhntëhtt-Rê avant qu’il ne « disparaisse ».


En concert, ce passage sera très peu joué et disparaitra au profit d’un moment très attendu, beaucoup plus syncopé, déconstruit, fracassé, où la guitare (ou le violon, comme en 1975) hurle littéralement. Tout à coup, tout explose, les notes prennent feu, et le groupe s’amuse littéralement à déconstruire le rythme pour finalement le reconstruire (tout comme Kohntarkosz n’aura aucun souvenir par la suite de son Illumination, et devra tout reconstruire) ! Après ce furieux moment, vient un autre moment, plus court, où la basse a son solo, pour enfin arriver au deuxième crescendo, celui où les voix montent haut, très haut dans la folie ! C’est à vivre.

Après ce crescendo vient le deuxième final de Kohntarkosz, où nous retombons sur nos pieds avec le chœur qui entonne une sorte d’hymne dans lequel on retrouve le « Deh Wlasik Kobaïa » de Theusz Hamtaahk, ainsi que les « Oh Ouingeh Om » du morceau « Lïhns » ! Un final magnifique, qui explose en plein vol avec l’ultime crescendo ! De la folie à l’état brut. Le final de la version BBC 1974 est également très intéressant, il contient les Halleluyas que l’on a déjà entendu dans Kohntarkosz Anteria.


Le final de la version album est, lui, plus sobre, ne contenant qu’un seul crescendo, et se finissant de manière assez glauque avec des voix lugubres scandant à l’infini un « Ohm… » entêtant. Glacial, comparé au final explosif proposé aujourd’hui en concert. Kohntarkosz est le morceau le plus fou et le plus accessible. Foncez.


[ Suite : Acte III - Ementhet-Ré ]