Soudain, un Bruit de Mitraillettes dans la Nuit. Presque tout l’Immeuble se réveille, à sa fenêtre, en train de scruter un peu partout. Mais il fait trop Nuit dehors, et sous les Lampadaires Oranges, on ne voit que de l’Orangina qui tombe partout. Il pleut très fort, et il y a beaucoup de Vent. Et puis, la Mitraillette n’a tiré qu’une fois, où est le Tireur ? Finalement, les Gens referment leurs Volets, surpris, moi aussi. Pas de Voitures en Flammes, personne dans l’Allée ou sur le Parking, rien sur la Pelouse, comme si ce Bruit était sorti de nulle part. Je me dis même qu’il pleut trop pour que des Crétins fassent des Bêtises dehors, car ils seraient trempés. Je me remet au Lit, et je garde la Fenêtre Ouverte, j’aime trop la Berceuse de la Pluie tombant sur les feuilles des Arbres pour me laisser impressionner par une Mitraillette. Il pleut très fort, mais j’adore ça. Si en plus il pouvait y avoir du Tonnerre, ça serait génial. Pas de Mitraillette. Berceuse. Rêve.



Le Matin est un moment que j’aime beaucoup. On fait pleins de trucs le Matin, pendant que tout le Monde est endormi et que le Calme règne sur la Résidence. On peut regarder par la Fenêtre, ou plus simplement, regarder à travers les Rideaux la Silhouette des Arbres qui remuent, chahutés par un Petit Vent, le Fils de celui de la Tempête d’hier soir. En ne distinguant que la Silhouette des Arbres, on pourrait se croire en pleine Nuit : rien que du noir. On se rend mieux compte de quel Arbre est mince, quel Arbre a des feuilles rondes, ou piquantes. Le Pur Bonheur est d’ensuite tirer les Rideaux pour se prendre en pleine Figure l’éclatante vitalité avec tout ces Verts différents qui apparaissent. Les Feuilles Rondes tournent au Vent comme pleins de Médaillons suspendus aux Branches.

Oh la Belle Image Cul-Cul la Praline, tant pis, ça me fait penser à ça, ne vous inquiétez pas, je cause d’autre chose dans le Paragraphe juste après. Parmi tous ces Arbres, un ou deux sont complètement rasés arbitrairement. Du coup on dirait des Sculptures d’Art Contemporain de Dubuffet, comme celle qu’on peut voir en plein Milieu d’un Rond Point à Vitry sur Seine : au Milieu des HLM carrés sans Vie, Gris, Froids, Bruts, on nous fout un Arbre sans Branches, sans Feuilles. C’est cool, au moins c’est « raccord » ! On me souffle dans l’Oreillette que le Nom de la Sculpture dit que c’est une Cheminée. Bravo.




Retour aux Arbres derrière les Rideaux. J’aime quand il y a du Vent, la Résidence semble en Vie. C’est encore mieux au moment juste avant l’Orage, comme je l’ai écrit sur une autre Page. J’allume l’Ordinateur, vais doucement dans le Répertoire Musique, et puis non, j’ouvre la Fenêtre, ce Matin, pas de Musique. La Pluie tombe toujours doucement, un petit crachin, celui qui colle à la Veste pendant toute la Journée, qui la trempe bien comme il faut. Ma Boite E-Mail. Quel Plaisir de recevoir un Courrier extrêmement sympathique le soir, vers Minuit, de le parcourir, de s’endormir ravi, et le lendemain matin, de le contempler avec des yeux tout neufs, frais, afin de bien commencer la journée. Tant mieux si les Gens comme ça existent.

Je lis l’E-Mail, le relis, le re-relis, et puis, une petite pause avant de répondre, il me reste encore une heure avant d’aller au Travail. Un petit regard par la Fenêtre et… tiens, je vois ce que qu’étaient en fait ces Coups de Mitraillettes : la Branche d’un Arbre Immense s’est cassée sous le poids du Vent, dans la Nuit. C’était donc ça. J’aurais juré que c’était le même bruit que des Mitraillettes, c’était exactement le même que lorsque des gens sont venus attaquer la Prison avec des Mitraillettes et un Lance-Roquette. Une Branche par Terre. Je reviens à l’E-Mail. Quel Bonheur de lire autant de Mots, d’augmenter la réalité et de s’imaginer la personne les choisissant, les placant, les recadrant, les changeant, tout cela alors que cette même personne pense à vous, de son coté. L’Attention de choisir les Mots juste en restant honnête, et ce Plaisir Fou que quelques Mots mis bout à bouts peuvent procurer.


[ 2 Juin 2004 - E-Mail ]