C’est l’Album le plus Ambitieux du Groupe. Fini les Comptines, fini les Aquarelles, Peter Gabriel décide qu’il est temps de faire un Album Concept, avec une Histoire Propre, et de faire quelque chose d’imposant, qui serait l’Accomplissement du Groupe (mais surtout de Gabriel lui-même), quelque chose de plus International avec ce Héros Porto-Ricain perdu dans New-York. Gabriel décide qu’il est temps de faire un Grand Voyage Introspectif Psychédélique et Incroyable. Sur Scène, bien évidemment, Gabriel incarnera Rael, Cheveux Courts, Jean et Blouson Noir.

C’est un Double Album, la Pochette est en Noir et Blanc, à l’intérieur il y a les Paroles des Chansons, mais surtout un Immense Texte racontant l’Histoire de façon plus Littéraire, avec pleins de Photos plus ou moins Métaphoriques représentant les Aventures de Rael, ainsi que Quatre Pictogrammes façon Art-Déco représentant d’autres Passages de l’Histoire. La Pochette est pour moi une des plus Belles jamais Imaginées. Il y a vraiment une sorte de Perfection Visuelle. C’est Hypgnosis qui l’a faite, ils ont travaillé avec Pink Floyd (Atom Heart Mother) ou The Nice (Elegy) pour les plus connus.

On voit sur cette Pochette le Héros, Rael, sortant d’un Triptyque représentant son Histoire. Sorti du Tryptique, il se voit en train de sauver son Frère John des rapides (dans la Chanson « In The Rapids ») mais la main qui le tient appartient au Rael d’un autre moment de l’Histoire, probablement « The Waiting Room ». La Tête de ce Rael-là est comme aspirée dans le Mur derrière lui, son Cerveau est visiblement « dans le mur ». On peut y voir une Allusion au Mur Gigantesque de « Fly On A Windshield ». Le Rael qui observe cela est lui-même sorti d’une Chanson, peut-être celles des 32 Portes, ou de Carpet Crawlers.

De l’autre coté de la Pochette, on voit un Rael passer à travers une Vitre, puis déambulant dans un Couloir Sombre, observé par un Homme en Imperméable, puis en Portrait, sans la bouche, avec une Foule de Personnages criant autour de lui (ou dans sa tête). Vous pouvez cliquez sur le Lien pour voir les Images du Recto et du Verso de la Pochette.

A l’Intérieur de l’Album, on trouve pêle-mêle une Image de Rael de dos, avec 3 Serpents lui tombant des épaules (« The Lamia »), une Photo de Ciel inversée, Rael dans la Chambre des 32 Portes, ne sachant pas où aller : on distingue deux têtes en transparence, pour indiquer le Mouvement de la Tête de Rael. On voit aussi rael tendant une main désespérée à son Frère John dans les Rapides, puis juste en-dessous, une Photo du Tube Jaune contenant son Pénis, flottant dans l’eau. Enfin, on voit un Vieil Homme avec un monocle, et le Couloir ou Rael déambulait nu, mais cette fois-ci éclairé en négatif, sauf Rael, qui lui reste lui-même.

Il est intéressant de noter que le Frère de Rael, John, est son sosie, ce qui peut nous indiquer que Rael et John sont une seule et même personne, ce qui renforce le coté Schizophrénique de l’Expérience qu’il vit dans cette Histoire. Ce qui renforce également sa Solitude. Mettons le Disque.

La Chanson-Titre par Excellence, avec cette Ouverture « And The Lamb… Lies Down... on Brooooadway ! » La Mélodie au Piano qui ouvre ce Titre me surprend toujours par sa Fluidité, elle fait très Féerique, comme un Rêve (déjà). On y découvre un New York qui se réveille, dans toute son Agitation. Rael sort du Métro, et cache sa Bombe de peinture dès qu’il voit un Policier. Pendant ce moment, on découvre un Agneau couché sur le Trottoir.

Il n’y a pas d’Explication, il est là, c’est tout. Lorsque Gabriel nous présente cet Agneau, la Musique se fait plus douce, et annonce le Motif de « The Carpet Crawlers ». Le Décor est planté, Gabriel force pas mal sur les Descriptions. On y entend même à la Fin les Paroles de la Chanson « On Broadway » des Drifters ! La Chanson se termine en empruntant un Chemin légèrement Mystique, qui devenir…Fly On A Windshield ! Un de mes Morceaux préférés. Chœurs de Synthés, Ambiance Planante, l’Histoire change.

D’Anciennes Figures Américaines sortent de l’Ecran : Groucho Marx ratant son Gag, Lenny Bruce, Marshall Mcluhan. Sur les Toits, des Sirènes se sont posées, mais aucun Bateau ne passe, le Ku Kux Klan sert de la Nourriture « d’Esprit Chaud ». Une Odeur de Pétales de Pêches envahit tout, des Majorettes défilent sous l’œil d’Howard Hugues en Blue Suede Shoes, fumant des Winston. Et alors que la Danse commence, les Enfants jouent avec des Aiguilles…

Un Passage bien Mystique, qui se finit tout en Douceur, alors que Rael se réveille dans une sorte de Cocon, celui de « Cuckooo Cocoon », baigné de Flûte Délicate et de Guitare Omniprésente, puis par des Vagues de Piano vers la Fin. La Voix de Gabriel y est légèrement déformée pour renforcer cette Impression d’Enfermement.

In The Cage est un Morceau Sympa, où Rael chante son enfermement dans une Cage composée de Stalactites et de Stalagmites, une fois sorti de son Cocon. Le Rythme est cette fois plus rapide, les « Barreaux » de la Cage de Pierre commencent à tourner, et c’est là qu’arrive le Fameux Solo de Mellotron de Tony Banks, censé nous donner le Tourni comme il le donne à Rael. Apparaît ensuite le Frèere de Rael, John, qui s’en va s’en sauver son Frère qui le supplie de l’aider à sortir de la Cage.

Une Larme de Sang coule le long de la joue de John. Rael, désespéré, se met à penser que si il était liquide, il pourrait s’infiltrer dans les Fissures. La Cage se dissout, mais tout à coup, c’est lui qui se met à tourner sur lui-même, sans cesse, sans cesse… En Concert, une Colonne de Tissus descendrait sur Gabriel, tournant...

Rael se réveille dans une Sorte d’Usine Souterraine, accueilli par une Femme qui lui sert un Discours sur le fait que tous les Gens sur Terre proviennent de cette Usine. Ils sont conditionnés, étiquetés, marqués, on leur met une personnalité, on les rend présentable, pour que tout se passe bien. Ce Morceau est parsemé de Sons Bizarres, merci Brian Eno. L’Ambiance très « Parade » de la Chanson est bien choisie pour cet autre Défilé, après celui de Broadway Melody of 1974. Défilent cette fois-ci des Emballages Sans Vie, qui sont bien sur les Corps Humains sans Ame, prêt à naître.

Rael y voit même son Frère, marqué du Nombre 9. Ce Morceau est un Grand Bazar, avec pleins de Voix Déformées. Pas mon Préféré. Juste après, Rael est plongé dans ses Souvenirs d’Enfance avec « Back in NYC », un Morceau au Rythme Etrange, Syncopé. Gabriel décrit avec beaucoup de précision la Vie de Délinquant de Rael, se construisant une Carapace (un Cocon ?) contre les Agressions Extérieures.

Un Autre point intéressant est qu’en Concert, Gabriel a confirmé que ce Cœur sans Poils était en fait la Cérémonie de Rasage du Pubis de Rael, qui redevient un Enfant. Au Début de l’Aventure, Rael est une Ame, puis il ne devient plus qu’un Corps (Lifeless Packaging) pour ensuite devenir un Enfant (Hairless Heart) et enfin un Spermatozoïde (Carpet Crawlers).

Le Morceau suivant est un Instrumental portant ce Nom, et il est de toute Beauté, très Poetique, menant à un Morceau Génial et Drôle. « Counting Out Time » est un Titre décrivant la première Expérience Sexuelle de Rael, alors qu’il avait acheté un Livre expliquant comment procéder, Figure 1, Figure 2etc. Ce titre est un bel exemple de la Maîtrise des paroles de Gabriel, qui place des Jeux de Mots un peu partout. Hackett place des Sons Tordus un peu partout, installant une Ambiance vraiment Comédie qui fonctionne bien ! la Mélodie est Terrible, on la retient en 2 Secondes, c’est Pop, c’est Frais, c’est Beau, et ça termine en Fanfare.

Le Morceau suivant « The Carpet Crawlers », nous replonge dans l’Histoire de façon plus concrète. Rael gravit un Escalier en Spirale (la Structure de l’ADN) , pour ensuite arriver dans un Couloir dont le Sol est fait de Laine… d’Agneau. Devant lui, des Gens se traînent pour arriver au Bout du Couloir, mais ils n’y arrivent pas. Rael y arrive, lui. C’est le Spermatozoïde dont je parlais plus haut, celui qui seul pourra arriver à féconder l’Ovule, représenté par la Chambre des 32 Portes.

The Carpet Crawlers démarre avec le Motif du Morceau-Titre, Cristallin, Sublime, tandis que Gabriel chante doucement, épaulé par la Guitare de Hackett tissant quelques Notes ici et là, comme un Violon. C’est un Titre qui fonctionne très bien tout seul (comme Counting Out Time) et une des plus Belles Chansons de Genesis. La version sortie en 1999 est de toute beauté. Et ce Refrain : « We’ve got to get in, to get out » ! Rael arrive donc à entrer dans la Chambre, et là, l’Ambiance change tout à coup avec le Morceau d’après : Grandeur, Gravité, Tragique.

Rael est dans une Chambre Circulaire avec 32 Portes. Autour de lui, des Gens courent dans toutes les Directions, essayant de sortir, mais chaque fois qu’ils empruntent une Porte, ils « ressortent » à l’intérieur de la salle, comme un circuit Fermé. Dans l’Arbre de la Kabbale, l’Homme est placé tout an bas du Tronc. C’est exactement la Position de Rael, qui a à sa gauche, sa mère, et à sa droite, son père, dans ce Morceau. En voulant sortir de cette Salle, Rael veut quitter cet Arbre, et être libre, et aussi peut-être être « vrai » (Rael = Real). The Chambre of 32 Doors est emprunt d’une Ambiance Triste. Rael donnerait n’importe quoi pour sortir de cette Salle, « je vous donnerait tous mes rêves… si vous m’aidiez à trouver la Porte qui ne me ramènera pas ici. Emmenez-moi ». Et c’est tout naturellement que l’Auditeur retire le Premier Disque pour mettre le Deuxième, faisant Passer Rael d’un Monde à l’Autre.

Liliwhite Lilith ouvre le Deuxième Disque avec Grandeur, contrastant avec le Calme et la Tristesse de la Chanson des 32 Portes. C’est un Morceau court, mais décomposé en 3 Parties. D’abord, l’Agitation de la Salle, et Lilith qui arrive pour sauver Rael en lui indiquant la Bonne Porte, puis une Reprise du Motif de Broadway Melody of 1974 lorsque Lilith fait sortir Rael de la Salle, et enfin, Lilith assoie Rael sur un Trône Froid (peut-être le Fauteuil sur la Pochette, au Milieu) tandis que l’Ambiance du Morceau est clairement Fantastique. Rael attend dans l’Obscurité, et voit arriver eux Grands Globes Dorés, Immenses. La Pièce s’illumine alors, toute blanche, et c’est le moment du morceau « The Waiting Room ».

Rael n’est pas Mort, mais il se met à imaginer qu’il pourrait exploser dans l’espace, avec tous ses Os sur des Orbites différentes (sympa comme image, non ?) puis, une Voix s’excuse de l’avoir fait attendre, il va enfin la rencontrer, elle est rarement en retard. C’est la Mort, aussi connue sous le Nom de « Anesthésiste Supernaturel » qui est le Nom du Morceau Suivant.

Dans ce Morceau, la Mort essaye d’endormir ou de tuer Rael avec du Gaz. Rael réussit à se sauver. C’est un Morceau Etrange, avec une Ambiance Etrange, pour un Evènement Etrange dans cette Etrange Histoire. Le Titre devient vite Instrumental, un bien bel Instrumental d’ailleurs, qui se termine tout en douceur.

The Lamia est un Morceau qui nous montre Rael arriver dans une Salle avec un bassin d’eau rose. Trois lamies s’y baignent, et invitent Rael pour une Petite Partie à Quatre. Seulement dès que les Lamies plongent leurs crocs (elles sont moitié femmes, moitié serpents) elles meurent au Contact du Sang de Rael. Le Piano est omniprésent dans ce Titre, il fonctionne très bien tout seul, le Rythme est plutôt lancinant, avec une Atmosphère bien triste, allant bien avec l’Histoire. Dans la Pochette, il y a l’Image de Rael avec les Serpents sur son Dos, ce qui peut laisser supposer qu’il a imaginé tout ça (toute l’Histoire ?) ou bien que c’est juste Métaphorique.

Une fois les Lamies mortes, elle flottent sur l’eau telles « une silencieuse plainte dans des bateaux vides ». C’est le Nom de l’Instrumental qui suit ce Morceau « The Lamia » se finissant par Rael mangeant les Cadavres des Lamies…

Niveau Instrument, ça rappelle un peu The Battle of Epping Forest, pour les Nombreuses Parties Vocales différentes. S’ensuit alors un Instrumental, « Ravine », pour nous décrire la pente rocailleuse qui mène au Grand Lac. Ensuite, nous avons un Morceau qui Résume tout ce qui vient de se passer jusqu’à maintenant, écrit par Banks et Rutherford. Un Portail Magique apparaît devant Rael.

En bas, John, son Frère, a chuté, et est en train de se noyer. C’est le Moment du Choix : se sauver vers la Réalité et la Sécurité, ou plonger et sauver son Frère. Rael repense à tout ce qui vient de se passer, le tout étant mis en Musique de la même façon que le Morceau-Titre, mais en plus lent, pour mieux signifier l’Importance « Lourde » du moment. Rael décide de sauver son Frère, et le Portail se ferme, ce qui donne son Nom à la Chanson : La Lumière s’éteint sur Broadway.

Rael plonge, nous sommes dans « Riding the Scree », en train d’essayer de sauver John. Ce Morceau est encore une fois construit Bizarrement. Ca commence sur un Rythme de Basse un peu Funk, qui embraye sur un Solo Incroyable de Tony Banks assez amusant, tandis qu’une Ambiance Sautillante s’installe.

Place à un Moment de Calme, avec l’Acoustique « In The Rapids » tout en Guitare, dans lequel Rael a réussi à sortir John de l’eau, au milieu du fracas de l’eau glacée et bondissante autour d’eux. C’est là que tout change. Rael parle à John, le rassure, tout est fini, et là, Rael se rend compte que la Visage de John est le même que le sien. Dans ce Morceau, l’Ambiance grimpe au fur et à mesure, jusqu’à ce que Rael réalise que lui et John sont la même personne : un Son montant symbolisant l’Ame sortant du Corps de Rael se fait entendre, et nous emporte vers le Dernier Morceau « It » !

Après le Départ de Peter Gabriel, le Groupe se retrouve à Quatre. Ils auditionnent quelques Chanteurs avant de se rendre compte que Phil Collins est un Chanteur qui a ses chances, et en plus il connaît déjà par Cœur tout le Répertoire. Délestés de la Pression de l’Album de Rael, le Groupe pond un Album tout frais, avec une Grande Facilité, et ça donne « A Trick Of The Tail ». Mais avant, allez voir sur ce Lien les Peintures faites Herb Leonhard par pour The Lamb Lies Down On Broadway. Ca donne un Meilleur éclairage sur ce qui se passe dans cet Album, les Personnages. La Mort et les Carpet Crawlers sont superbement rendus.