Koyaanisqatsi est un Film de 1983 réalisé par Godfrey Reggio, sur une Musique de Philip Glass, des Images de Ron Fricke, et produit par Francis Ford Coppola. Il m’a marqué lorsque je l’ai vu, récemment. Je suis un peu Chieur, je critique tout et n’importe quoi, mais là j’ai été remis à ma place, et c’est une Sensation Délicieuse que je n’avais pas éprouvé depuis… Depuis Akira, on va dire, les Emotions étant à peu près Similaires. Koyaanisqatsi, avec sa Longue Ouverture à l’Orgue et le Chant assez Lugubre qui l’ouvre, est plus qu’un Film. Pour moi c’est une Œuvre d’Art au même Titre qu’une Sculpture, un Tableau ou un Morceau. En fait, on est tellement (enfin moi je l’ai vraiment été) happé à l’Intérieur que ça vous chamboule l'Esprit pour un bon moment... J’imagine qu’au Cinéma, avec Orchestre, lors de la Première du Film, ça a du bien donner.

Dans cette Œuvre, il y a un Putain de Message, qui peut paraître Simpliste aujourd’hui, mais qu’on oublie trop souvent (sinon on déprime sévère) : L’Homme détruit la Planète. Oui, c’est d’une Evidence Follement Pléonastique, et pourtant, et pourtant, et pourtant, et pourtant je me suis laissé m’éclater la Tête la Première contre le Mur sur lequel nous projette ce Film : Nous ne somme rien, et nous n’allons vers rien. Si vous êtes Croyant, je pense que ce Film peut perturber votre Foi, et si vous êtes Agnostique Pessimiste, votre « Croyance » n’en sera que plus renforcée. Renforcée à la Suite d’une Vision Cinématographique sans équivalent dans le Cinéma. Koyaanisqatsi est le Premier Film de la « Trilogie des Qatsi ». La Trilogie comporte les Films Koyaanisqatsi, Powaqqatsi et Naqoyqatsi.




Ces Mots viennent de la Langue Indienne « Hopi ». Dans le Cas de Koyaanisqatsi, le Terme signifie « Vie déséquilibrée, corrompue ». Ce Film ne possède pas d’Histoire, de Scénario ou de chose dans ce Genre. C’est un peu un Documentaire, mais surtout une Œuvre d’Art dans le Sens ou il y a un Regard Subjectif, une Idée, une Intention. On le sent dès le Début avec l’Introduction à l’Orgue accompagné de cette Voix Sépulcrale qu’on croirait sortie de la Bouche de Zeus (ou de Dieu, dans un moment de Colère contenue). On assiste au décollage d’une Fusée au Ralenti, comme si on se trouvait juste à coté du Réacteur. C’est assez impressionnant, et scotchant.

On nous montre alors une Peinture Indienne représentant des Personnages peints en Noir… Les Premiers Hommes ? La Caméra se promène ensuite au-dessus de Paysages Arides aux USA (tout le Film montre des Images tournées aux USA, je pense que ça n’est pas innocent comme vous le verrez par la suite avec l’Idée du Film) que l’on survole tel un Vaisseau découvrant la Planète Mars. Des Violons nappent cet Environnement de façon assez Menaçante, ou Intriguante, c’est selon. La Séquence d’après nous fait découvrir un autre Elément après celui de la Terre : l’Air. D’abondants Nuages dansent dans le Ciel, en Accéléré, et c’est d’une Beauté à couper le Souffle… L’Accéléré renvoie à la Notion de Relativité : Un Nuage se déplace-t-il lentement ou rapidement ? Tout dépend de qui le regarde ! Nous avons découvert l’Elément Terre, puis l’Elément Air, il est temps de contempler l’Elément Eau à présent ! Ce qui est déjà bien, à ce Stade du Film, c’est que le Spectateur est libre de se faire sa Propre Histoire. Rien ne nous dit si le Cinéaste porte un Regard Contemplatif (la Nature, c’est Beau) ou Critique (la Nature, c’était Beau).


La Caméra survole un Grand Lac, puis des Champs bien ordonnés, bien colorés, et la Musique, qui se fait ici répétitive et presque Transe, change un peu lorsque l’on voit le Travail de l’Homme qui utilise les Ressources de la Terre. Dynamitage de Carrière, Bulldozers, et dans un Beau Mouvement, la Camera nous présente un Pipeline acheminant ce qui est extrait vers la Civilisation. Pylônes à Haute Tension, Usine qui va avec (le tout avec un Orgue ici assez Critique, Désespéré). Ensuite, on voit des Images de Guerre, avec notamment une Sublime Explosion Atomique en Plein Désert Américain.
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C’est durant ce Passage que l’on comprend bien pourquoi le réalisateur a tenu à montrer l’Horreur, mais également la Beauté de la Bête selon ses propres propos. Car oui, un Champignon Atomique, c’est Beau. C’est amusant cette Critique, mais aussi cette Glorification Esthétique de la Bombe. Après un Long Plan séquence d’un Avion apparaissant comme un Mirage (comme si la Technologie était une Chose Divine venue du Ciel et qu’il ne fallait pas trop exploiter ?) on arrive dans la Ville, avec son Trafic Interminable de Voitures, d’Autoroutes, avec derrière la Musique Obsessionnelle, toujours. C’est l’Occasion d’un Plan Etrange, quand la Myriade de Voitures entreposées (voir Image ci-dessous) fait Echo à la Myriade de tanks alignés dans une Plaine. Je me demande ce que le Réalisateur a voulu dire ici…

Suite Logique : des Images de Guerre (dont une Filmée sur le Dos d’un Avion, fabuleuse) histoire de bien nous signifier que la Guerre et les Ressources sont intimement liées depuis la Nuit des Temps dans les Guerres qui opposent l’Humanité. On pensera bien sur au Moyen-Orient… Allusion à la Relativité : un Porte-Avion avec écrit dessus « E=MC² », et pour finir, un Enchaînement d’Explosions tandis que le Chœur vole très haut, avant de nous lâcher aux Portes de la Ville, pour le Chapitre « Pruitt Igoe »…

Ce Chapitre est mon Préféré, et ça ne vous étonnera sûrement pas vu ce qu’on y voit : des Endroits Abandonnés. Mais Attention ! Du très très très Glauque, et du très Triste (merci la Musique). Les Quartiers de la Ville laissés à l’Abandon vieillissent mal, le Temps fait son Œuvre, les Pouvoirs Publics ne font pas le leur, et c’est la Pauvreté, la Misère, et pour bien mettre en valeur tout cela, le Film nous montre le Complexe Résidentiel « Pruitt Igoe », Symbole aux USA de l’Echec des Cités HLM. Pruitt Igoe a été construit dans les Années 50, puis rasé suite aux Nombreux Défauts du Complexe. A la Base, une Bonne Idée à la Le Corbusier : Un Appart pour tous, et vivons tous ensemble dans l’Egalité, Toilettes chez soi, Chauffage et Convivialité.

L’Architecte (qui réalisera le World Trade Center plus tard) avait fait des Ascenseurs qui ne s’arrêtaient qu’au 1er, 4eme, 7eme et 10eme (on le voit bien sur les Façades dans la Vidéo ci-contre) pour que les Habitants se rencontrent dans les Escaliers et nouent des Relations de Voisinage. A la Base une Bonne Idée, mais bon, les Escaliers devinrent très vite le Lieu à la Mode pour tous les Crimes possibles et imaginables.

Ajoutez à cela que les Habitants durent faire une Pétition pour avoir des Jeux pour Enfants (!!!) et qu'à peine la Moitié de la Cité était habitée (la Mauvaise Réputation du Quartier fait que pas grand monde s’y est installé) et vous avez une idée de Degré de Glauquitude qui s’installe dans ce Genre de Cité. Imaginez une Cité avec 10 HLM habités, et 20 Abandonnés, enfin, même pas loués… Dès 1972, la Démolition commença, et c’est cette Merveilleuse Séquence que je vous propose de regarder ci-contre.

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Je ne voudrais pas vous gâcher la Suite du Film, mais voilà un peu ce qui s’y passe, comme le Résume très bien la Page Wiki du Film : « Une image impressionnante d’une ville vue du ciel à différentes échelles se termine par la photographie des circuits d’un ; l’image est claire : la population humaine a à peu près autant de liberté quand elle est prise dans son ensemble que les électrons de faire ce qu’il veulent dans un microprocesseur. Même si l’individu reste libre, son ensemble, lui, ne l’est plus totalement et n’est pas programmé pour l’être. La frénésie de l’activité urbaine (dans la très esthétique séquence The Grid, tournée à l’accéléré) s’alterne avec une image frappante d’ennui et de vide intérieur des individus quand ils ne sont plus en train de produire (séquences passées au ralenti). » Vous pouvez visionner la Sequence The Grid sur ce Lien ! La Relativité est très très présente avec ces Gens qui se promènent dans la Ville au Ralenti, sur une Musique Triste, tandis qu’on voit des Pubs Géantes proposant « Un Tonneau de Fun » ou qui disent « La Grande Illusion ». Ici, le Regard est éminemment Critique à l’Encontre de la Société de Consommation.




Enfin, le Final du Film m’a tiré des Larmes. C’est vraiment Poignant, c’est la Réalité : On va tous y passer, et notre Vie n’est rien comparé à celle de la Planète. La Musique de cette Séquence s’appelle « Prophecies », et renvoie à une Prophétie Indienne Hopi qui dit :

1 - Si l'on extrait des choses précieuses de la terre, on invitera au désastre.
2 - Près du Jour de Purification, il y aura des toiles d'araignées tissées d'un bout à l'autre du ciel.
3 - Un récipient de cendres pourrait un jour être lancé du ciel et il pourrait faire flamber la terre et bouillir les océans.


L’Allusion au Travail de l’Homme sur la Terre est évidente. Le Film se termine alors par un Plan Sequence qui est vraiment, vraiment, vraiment celui qui m’a le plus marqué. Je ne vous dis pas ce que c’est, mais en ré-écoutant la Musique du Film pour dessiner ou travailler, avec cet Orgue et ce Chœur déclamant la Prophétie derrière, c’est assez Divin. Divinement Tragique, d’un coté, mais à la fois Beau… Je pense à cette Image de Traders affairés à la Bourse, leur Course effrénée les faisant ressembler à des Fantômes. Nous sommes déjà des Fantômes, comme l’indique le Rappel du tout Premier Plan, avec ces Personnages peints sur la Roche. C’est nous dans le Futur : juste des Images, et sûrement plus de Souvenir qui va avec.


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16 Juillet 2007 - E-Mail ]