Le Premier Souvenir que j’ai, c’est quand je vivais à la Campagne, dans le Sud. C’était entre 0 et 5 Ans, je crois. Il y avait d’abord la Maison, une Maison en Pierre qui dans mes Souvenirs était moins Bricolée que sur les Photos. Je l’imaginais Lisse, Droite, en fait elle était Vieille et Usée. En face de la Maison, il y avait la Grange, une Immense (enfin maintenant elle me paraîtrait moins Immense, évidemment) Grange dont les Tuiles commençaient à tomber à l’intérieur, et je ne devais surtout pas m’en approcher.

Voilà pour les Habitations, mon Premier Souvenir a à voir avec un Grand Tilleul vivant juste à coté, le long du Chemin menant à la Route. Je sors de la Maison, je tourne à Droite, je croise une Deux Chevaux, je passe devant le Grand Figuier. Un Figuier indique qu’il y a de l’Eau à Proximité, et il y avait effectivement un Vieux Puit, d’où je ne devais surtout pas m’approcher. De ce Puit je ne me souviens que d’un Point Blanc tout au Fond d’un Trou Noir. C’est vous dire si il était Profond.




Bref, je passe à coté du Figuier (les Feuilles de Figuier qui sont pour moi les Plus Belles) et j’arrive sous le Grand Tilleul. Le Spectacle était là. Il y avait une Balançoire attachée à la Première Branche du Tilleul. En m’asseyant dessus, je voyais un Champ de Maïs, parallèle au Chemin. C’est un peu comme si il avait une Grande Route de Cailloux (la Route), une Grande Bande d’Herbe (avec le Tilleul poussant dessus) et une Enorme Bande devant (le Champ de Maïs).


J’étais au premières Loges pour voir ce Champ de Maïs. Je trouve qu’il y a une certaine Perfection dans ces Couleurs : La Terre Beige, les Plants Verts, les Maïs Jaunes, et au-dessus, le Ciel, Bleu. Cette Harmonie me poursuit encore aujourd’hui, dans la Déco de mon Salon. Parquet en Bois, Set de Table Brun, Bambou Vert, et l’Immense Ciel Bleu que je vois du Balcon.

Ce qui m’a toujours fasciné dans cette Vue, c’est que tout autour de ce Champ, il y avait des Arbres, sauf autour d’un coté, pour qu’on puisse quand même y entrer. Si on imagine un Plan, ça faisait un Rectangle avec au Nord, des Grands Arbres, à l’Ouest, pareil, au Sud, pareil (mais avec le Grand Tilleul et moi sur ma Balançoire), et à l’Est, rien. Sur le côté Est, parmi les Grands Arbres, il y en avait un qui me fascinait. Il était là, avec les autres Arbres, mais il était Mort. Tous les Arbres étaient Verts et Vifs, Droits et Hauts, pointant le Ciel.

Lui, il était tout Blanc, sans Ecorce, avec 3 ou 4 Branches Maigrelettes, et il penchait au-dessus du Champ, comme un Grand Plongeoir. Il prenait Racine de façon Droite, puis après un Mètre de Haut, il amorçait une Courbe (où bien avait-il été frappé par la Foudre ?) au-dessus du Champ. Je me suis souvent dit qu’il ressemblait à un Plongeoir au-dessus d’une piscine Verte avec des Points Jaunes. C’est le Premier Souvenir que j’ai. Et vous, c’est quoi ? Ecrivez-moi, je l’ajouterais à la Suite sur cette Page !


[ Ci-Dessous, le Texte de Hanie ! ]

Français, année scolaire 2005-06, rédaction.
Professeur Tim Tubulamarok

Sujet n°22 : « Le tout premier souvenir qu’on a de sa vie. » Rédigez ce souvenir de façon narrative à la manière du site tubulamarok.free.fr
Les meilleurs seront publiés sur la page du même nom. A vos claviers.

Hanie Rhubarbe
JSG 1ère année
30/05/2006

Essayer de retrouver son plus vieux souvenir, c’est super dur. Combien de fois je me suis aperçue que les souvenirs les plus clairs était en fait remémorés par des photos, capture d’instants précis ou qu’en fait c’était une anecdote qu’on m’avait racontée. Je me souviens m’être pris la tête avec mon père car il soutenait (et soutien encore) que l’on n'a aucun souvenir avant 3ans. C’est possible mais malgré tout je n’y crois pas réellement. Je suis persuadée n’avoir pas rêvé ce qui va suivre. Les divagations d’une folle peut-être, mais on se complait dans la folie. Moi en tout cas.

Mon tout premier souvenir est un souvenir que je suis presque sûre de n’avoir pas reconstitué d’après photos, ma mère aura bien vite oublié ce petit incident d’ailleurs. Je suis dans le jardin avec ma génitrice qui jardine. Je mets le nez dans l’herbe en m’accroupissant, je regarde l’herbe de très près avec les bêtes qui s’y promènent. D’après mes souvenirs j’ai toujours fait ça, même encore maintenant. On a l’impression de regarder un autre monde, d’être caché dans les herbes comme dans une jungle.


Un chat de gouttière gris vient se frotter à moi. Je le caresse ; ma mère me surveille : « tu as vu le chat ? Il est beau le chat hein ? Hein, il est beau ? » On attend de moi un mot, que je dise qu’il est beau sans doute. Comme toujours je ne dis rien. Ou peut être que si, pour qu’on me foute la paix mais alors je ne m’en souviens pas. Le chat est parti de l’autre coté de la rue. Ma mère ne me surveille plus, je sors sur le trottoir. Je traverse la rue. (J’ai moins de trois ans puisque ‘il n’y a pas de trace de ma petite soeur.)

Je me retrouve sur le trottoir d’en face sans encombre, mais le chat s’en va par un jardin ou je ne peux pas entrer. Zut ! Je me souviens alors de la dame aux feuilles toutes douces. Nous étions passé devant chez elle ma mère et moi peut être le matin, peut être la veille et elle m’avait expliqué « qu’il ne faut pas cueillir les feuilles toutes douces parce qu’elles sont à la dame » Je sais bien que ma mère ne me regarde pas puisque je suis dehors et la dame est chez elle, dans la maison.

Vite, il faut faire vite ! Je franchis les trois pas (qui pour moi en valent 10) le long du trottoir qui mène au grillage vert. Les feuilles vert amande tendent des langues duveteuses vers moi. J’ai le coeur qui bat, je veux une feuille, mais je sais très bien que je suis entrain de faire une bêtise, toute seule sur le trottoir d’en face. Je me saisis d’une langue. Mes petits doigts s’enfoncent dans le duvet végétal. Je l’arrache et retraverse la rue en sens inverse pour refranchir la ridicule clôture de mon jardin, munie de mon trophée. Ma maman me voit arriver et elle voit aussi la feuille « Tu as trouvé ça où ? » Je prends mon air le plus idiot et le plus innocent « Là ! » Dis-je en montrant la maison de l’autre côté de la rue. « Tu as traversé toute seule ?? Heureusement qu’il n’y a pas de voiture ! Ecoute-moi, il ne faut pas sortir du jardin toute seule d’accord ? Et il ne faut plus cueillir des fleurs dans les jardins des gens, parce que les gens seront fâchés après. Tu comprends ? »

Je réponds un oui, les yeux grands ouverts. Ca marche toujours. Je savais parfaitement que ce que je faisais. La prochaine fois je vous raconterai comment j’ai fait pipi au lit exprès pour aller dormir dans le lit de mes parents.
J’ai des cornes je vous dis.

[ 30 Avril 2006 - E-Mail ]