Comme je l’ai déjà dit sur une Page, rien ne me déprime plus que de voir mon Univers partir par Morceaux progressivement. D’abord il y a eu le Centre d’Hormonologie, puis la Maison Bleue, ensuite l’Usine Renault, pour ne citer que les Meilleurs. Ensuite, ce sont les Maisons Abandonnées toutes simples. Tout ça, je le prends comme une Claque en Pleine Tête de la part de Mr le Temps qui transforme mon Monde. Perte de repères, Mort d’Endroits où je venais me ressourcer loin de l’Agitation, loin du Bruit, loin de tout : on est dans une Maison Abandonnée juste au bord de la Route, on peut entendre les Voitures passer devant, mais on a quand même l’Impression d’être à des Milliards de Kilomètres de la Civilisation.

Très loin de tout, tout en étant en plein dedans. Il reste encore quelques Endroits où se ressourcer, il y en a des Tonnes, suffit d’être curieux. Je vais me permettre un Aparté : c’est dans ce genre d’Endroits aussi Morts que l’on ressent le plus le Désir de Vivre, le Désir de rentrer chez toi, la sécurité de savoir que ce Soir, on prendra un Bain avec de l’Eau Chaude et propre, et qu’on dormira dans un Lit Douillet Chaud, et pourquoi pas en Bonne Compagnie. Je fais souvent ce Parallèle avec le fait d’aimer travailler dans un Endroit qui ne bouffe pas trop votre Energie. Un Travail qui ramène de la Thune, mais surtout un Travail qui est un Véritable Vivier donnant envie d’encore plus se rebeller contre la Connerie Humaine. Un Travail où l’on croise des Gens sans Ambitions, sans Espoirs, sans RIEN à dire qui sorte de l’Ordinaire, sans Idées, des Gens nourris en Batterie de Musique à Emporter. Un Travail qui est un Excellent « repoussoir » donnant toujours plus envie de continuer ses Projets à soi. Un Travail où l’on se sent comme un Véritable TALTA (« Travailleur avec la Tête ailleurs »).

En fait, cet Aparté me permet de glisser une Petite Réflexion qui me fait PEUR : j’ai besoin d’être rattaché, en contact, avec tout ce que je hais, pour mieux le gerber. J’ai besoin d’être en Contact Régulier avec cette Bête Immonde pour mieux avoir envie de m’en éloigner. J’ai besoin d’avoir envie de m’en aller. J’ai besoin d’avoir un Cadre, une Contrainte. Ca me fait penser aux Ecrivains qui écrivent leur Romans dans des Cafés, mais là c’est différent, ils ont besoin d’une ambiance, je ne pense pas qu’ils soient là pour observer et mépriser les gens autour d’eux. J’ai besoin d’être attaché pour me libérer. Pourquoi ça me fait PEUR ? Parce que j’ai bien peur que ma Capacité à Créer et à Imaginer soit dépendante de ce besoin. Peut-être c’est une Erreur, mais je pense que pour être au-dessus de la mêlée, pour voir plus haut, plus loin, il faut bien être plus haut que quelque chose… Je dois être dans l’Erreur, excusez-moi : dépasser la mêlée en étant ailleurs.

Dépasser sa mêlée à soi. Etre plus intéressant, plus beau et plus curieux : je ne pense plus vous étonner si je vous dit que pour moi la Curiosité est l’Essence de la Vie. Etre plus curieux que les autres, c’est facile, je pense que je le suis (« Est-ce que je suis Prétentieux et Abruti si je pense que je suis plus intéressant que les Gens qui vivent dans les Centres Commerciaux ou devant la TV ? » Si vous m’envoyez des Tomates, envoyez-moi des bien dures, je les préfères dures. Pour les Fleurs, envoyez-moi des Bleuets) mais être plus curieux que soi-même, vouloir toujours devenir plus Instruit et Intelligent que celui qu’on était il y a 2 ans, ça c’est un Beau Défi ! Mais… la Peur revient. La Peur qui me dit « Les Meilleures Idées que tu as eu, les Meilleurs Textes que tu as pondu, tu les dois JUSTE à une Réaction à ce qui se passait autour de toi, si tu était resté chez toi, sans rien faire, est-ce que la sauce serait monté de la même manière ? Il est plus facile de vomir lorsqu’on vient de manger quelque chose d’immonde que de regarder un Plat ignoble en étant à 100 Kilomètres de lui ».

Donc je suis dépendant. L’Inspiration n’existe pas, c’est juste une Réaction (plaisir/dégoût) à ce qui se passe autour de nous. Et donc, pour être vraiment Personnel, et relever son Propre Défi, être toujours plus Grand que celui qu’on était hier, il faut dépasser sa mêlée à soi, et d’abord penser être au-dessus de soi, plutôt qu’au-dessus des autres. Exemple tout simple : un Rockeur qui dit « Ce que je fais, c’est mieux qu’Avril Lavigne ». Oui mais par rapport à un Mike Oldfield ? Par rapport à un Angus Young ? Par rapport à un Pink Floyd ? Pourquoi regarder en bas ? Pourquoi ne pas regarder en haut ? Est-ce que c’est plus facile d’escalader la Montagne en regardant en bas ou en regardant en haut, ébloui par la Lumière de « Ce que je veux être Moi par rapport à Moi, PAS par rapport aux Autres » ? Hop ! Ca me permet de placer une Pensée Hyper-Méga-Super-Naive, mais à laquelle je commence à croire de plus en plus fort : l’Amour est un Meilleur Moteur que la Haine. PAS l’Amour Hippie « Soyons Frères », mais plutôt l’Amour d’un Bach pour Dieu, ou l’Amour d’un Mike Oldfield pour Hergest Ridge.

Je repense à la Dépendance (ce Texte est TRES décousu, désolé) des Gens qui ne peuvent pas faire Abstraction de ce qu’il y a autour d’eux pour créer. La Capacité à se concentrer, celle qui fait déplacer des Montagnes. Je suis Heureux car je pense avoir atteint un certain Degré de Concentration. Je peux écrire ou dessiner à peu près partout, sans trouver une excuse pour ne pas dessiner (conditions climatiques, difficulté du sujet, humeur). J’aime penser à des Musiciens qui n’ont pas besoin de réunir pleins de Conditions pour travailler : juste se promener dans la rue, et chanter dans sa tête, tapoter sur un bureau et inventer une rythmique sympa, jouer de la basse sur la corde tendu de la corde à linge. Idem pour quelqu’un qui écrit, qui a juste besoin d’un Stylo et d’un Carnet. Ne pas être dépendant. Dès que l’on sent que « vient » une idée, ne pas la laisser crever sous prétexte qu’on l’a eu dans le Métro. Dès qu’on trouve un Riff de Batterie, ne pas l’oublier sous prétexte qu’on est dans un café entre Potes et qu’on est là pour s’amuser, pas travailler. Dès qu’on voit quelque chose de Beau, ne pas laisser son appareil Photo au fond de son sac sous prétexte de la flemme, ou des gens autour qui nous regarderaient comme des Extra-Terrestres. Etre exigeant avec soi-même.

Tout est possible, partout, n’importe comment. L’Important, c’est l’Idée. Le Radeau de la Méduse est aussi beau qu’un Soleil dessiné avec des Galets sur une Plage. Entre moi qui tapote sur mon Bureau avec mes Petits Doigts, et Carl Palmer qui fait un Roulement qui dure Trois Plombes, le Plaisir est le même. Entre celui qui fait le Site, et les Gens qui le lisent et qui se sentent moins seuls, le Plaisir est le même. Entre regarder 2001 Odyssée de l’Espace, et regarder les feuilles qui tombent des Arbres, le Bonheur est le même. Tout est Important, tout est Beau, les Gens qui pensent qu’on est trop Ambitieux, que ça sert à rien, que de toute façon on va tous Crever, qu’on n’y arrivera pas, que ça sert à rien d’être Généreux, d’être Optimiste, qu’il ne faut pas empêcher les Gens de se Suicider car on pourrait le regretter (ne riez pas, un Abruti m’a sorti ça, si si), tout ces Gens ne comptent pas. Tout ce qui compte, c’est le Sourire.




[ 23 Octobre 2004 - E-Mail ]