En rentrant d’une Semaine de Travail, je me suis posé sur mon Balcon. L’Air était assez Chaud pour se poser, se faire un Thé, souffler, profiter d’un Beau Coucher de Soleil, et ressentir cette Impression d’être en dehors du Temps. Il est 17h, et pourtant, j’ai l’Impression qu’il est « pas d’heure ». Cette Impression, je la ressens à chaque fois qu’on se promène dans un Endroit Abandonné. Comme si on était hors du temps, pour quelques Instants. En fait il n’y a plus d’Heure, il y a un « moment », un Après-Midi passé dans un Orphelinat Abandonné restera un « Après-Midi ».


Et il est assez dur de s’imaginer qu’on y était « juste » entre 14h et 18h. Non, on y est pas resté juste 4h, on y est resté bien plus que ça, on y est resté un Après-Midi entier (une Eternité quoi), puisque le Temps s’est allongé, s’est assoupi, durant cette Période. C’est une Impression Etrange. Il y a aussi de la Nostalgie, le Passé qui nous fuit, le fait qu’on garde un Souvenir fabuleux d’une telle Journée occulte les Problèmes qu’on avait à cette Epoque.

Ainsi, le Souvenir de l’Exploration d’un Egout avec des Amis est situé dans la même Période que celle où j’étais dans une Période de Flottement, et pourtant j’ai l’impression que ce n’est pas la même Période. C’est un autre Temps, une autre Dimension. En fait on peut éprouver cette Impression simplement en ne regardant pas sa Montre, et en allant « autre part ».

Donc, ce Coucher de Soleil sur mon Balcon me rappelle ces Explorations, mais aussi une Journée en 1996 (je crois, enfin bon, c’était pas en 1996, c’était « ailleurs ») où j’étais dans une Colonie de Vacances « Musicale », située dans un Château rénové, au Milieu d’un Minuscule Village en haut d’une Colline. Un Jeu de Rôle Grandeur Nature fut organisé. Pas un seul Nuage dans le Ciel.


Juste cette Grande Voûte Abstraite et Vide. Comme par hasard, je ne voulais pas être Joueur. Je préférais être « Arbitre » et me promener un peu partout avec un Pote (également Arbitre) dans les Rues et aux alentours de ce Village où j’aimerais revenir. Nous étions Deux, et nous marchions simplement dans ce Jeu, sans vraiment y jouer, sans se prendre au sérieux, sous ce Grand Soleil que je revois des fois.

C’était le Bonheur, que d’être frappé, accablé, terrassé par ce Grand Disque Blanc qui révèle la Beauté de tous ces Environnements que j’aimerais revoir encore. Un Voyage est à organiser, je crois. Je rêve de ces Endroits, des fois, je rêve qu’ils ont changé, je rêve que j’y retourne, mais que tout a changé. Je cours après un Souvenir. Un Souvenir, par définition, c’est Mort.


Je cours après des choses qui n’existent plus. Mais… Mais, simplement ressentir cette Sensation encore une fois, cette Sensation d’être en dehors du Temps, en dehors du Travail, de la Semaine, du Monde, des Obligations, des Contraintes. Simplement ressentir ça, boire cette Sensation, inspirer à pleins Poumons le Parfum, bouffer la Vue, le Paysage, tout regarder, toucher les Pierres, les Arbres. Non, en fait, un Souvenir n’est pas entièrement Mort. Il reste l’Endroit du Souvenir. Simplement envie de me poser, de m’asseoir dans l’Herbe, et d’écouter tout ça, de me laisser envahir par cette Sensation, de se vider la Tête. Avec mon Ami Arbitre, nous marchions sur la Route caillouteuse, en faisant Attention à ne pas trop marcher près du Fossé encombré de Graviers coupants, des Coquelicots pendouillant par-dessus, et derrière les Champs de Maïs, et au loin, au loin, quoi ? Rien au loin, cet Endroit est « en dehors », je ne me souviens plus du reste, c’est une autre Dimension.


J’ai revu cet Endroit via Google Earth, de haut, et il fallut finalement admettre que cet Endroit est entouré d’autres Endroits. Ca s’est bien passé sur Terre, et pas dans mes Souvenirs qui m’échappent. Alors cette autre Dimension n’est pas isolée du reste du Monde ? C’est juste un Endroit Normal ?

Il y a toujours un peu de Déception quand on retrouve quelque chose ayant trait à notre Enfance. Si c’est un Endroit, il sera plus Petit. Si c’est un Jouet, il sera Basique. Si c’est un Ami, il aura changé. Rien n’est plus pareil, et rien ne revient. Ou alors il y a des Petits Coups de Chance : un Jouet est toujours aussi Beau à admirer, un Endroit est toujours aussi enivrant, et l’Ami qu’on retrouve partage toujours les mêmes Délires.

Nous étions dans ce Jeu de Rôle Grandeur Nature, mais sans être vraiment dedans. Nous étions dedans en étant dehors. On parlait de la Vie, des Champs de Pommier pas loin, il n’y avait même pas le Bruit d’une Voitures. Simplement le craquement des Chaussures sur la Route caillouteuse, avec la Poussière qu’on soulevait. Les Oiseaux reviennent, tout rebourgeonne, je suis sur mon Balcon à admirer béatement le Ciel. Je profite de ce moment, je ne fais rien d’autre que de regarder le Ciel, les Nuages, avec un Sourire scotché à mon Visage. Un petit Vent caresse mes Joues, il est 18h17, et les 10 Minutes que je viens de passer à écrire ce Texte sont un Pur DELICE.


[ 18 Avril 2007 - E-Mail ]