En Juillet 1995, je suis parti 3 Semaines au Maroc, via un Voyage Organisé. Nous étions une Trentaine, dans un Grand Car, et nous avons traversé la France, l’Espagne, puis sommes arrivés au Maroc. A partir de là, nous avons fait une Sorte de Tour, en descendant par l’Ouest, pour aller vers le Sud, puis en remontant par l’Est, en suivant un Itinéraire ovale. Je ne pourrais plus dire aujourd’hui exactement tout ce que nous avons fait là-bas, je n’ai plus que des Souvenirs, des Images, et des Photos, présentes sur cette Page.

Avant de parler du Voyage, une Petite Anecdote Rigolote : J’avais emmené mon Walkman, à l’époque (avec dedans des Bonnes Vieilles Cassettes), et je venais de découvrir Queen. Comme Albums, j’avais le Live Killers, ainsi que « A Night At The Opera ». Aujourd’hui encore, quand j’écoute des Chansons de ces Deux Albums, je ne peux m’empêcher de penser au Maroc. Une Chanson comme « Lazing On A Sunday Afternoon » m’évoque une Immense Palmeraie, tandis que « Good Company » me rappelle la Nuit passée dans le Désert, à la Belle Etoile (en fait, « aux Belles Etoiles », tellement il y en a par Milliards, là-bas), sur les Dunes Roses.


J’avais aussi une Cassette Audio de Police, et si vous connaissez un Chouia Police, vous comprendrez avec quel Délice c’est de chantonner « Tea In The Sahara » lorsque pieds nus, on parcourt ce Paysage irréel composé de Dunes, et de rien d’autre.

La Visite des Villes ne me laisse pas un Souvenir Impérissable. Architecture Labyrinthique, Foule grouillante un peu partout, Sympa, sans plus. Je me souviens des Odeurs qui vous prennent à la Gorge (dans le Bon Sens) et que j’ai retrouvé il n’y a pas si longtemps en passant devant une Boutique, à Châtelet. Pleins d’Épices, des Olives Sublimes, bien Odorantes, plusieurs sortes de Raisins Secs… Un Régal pour les Narines ! Voilà pour les Villes.


J’ai un meilleur Souvenir (bien qu’un peu Triste) d’une Sorte de Forteresse-Ville quasi abandonnée, où je n’ai vu que 3 ou 4 Personnes, ainsi qu’un Minuscule Chat doté d’Oreilles Immenses (regardez la Photo) avec qui j’ai forcément sympathisé (Cliquez sur les Photos)

Une Forteresse-Ville également labyrinthique, avec des Murs très agréables à toucher, comme un Immense Château de Sable. A ce qu’on nous avait dit, le Vent et le Désert avançant peu à peu, cet Endroit était voué à disparaitre un Jour ou l’Autre. Je me souviens aussi du Fleuve asséché, à proximité. La Vie qui s’en va, enfin, qui était partie il y a un bon bout de temps apparemment.

Autre Souvenir : les Ruines de Volubilis. Moi qui adore la Mythologie (Période « Chevaliers du Zodiaque » toujours pas digérée à ce jour), j’étais aux Anges. Des Colonnes, des Pierres, des Machins, des Trucs, le tout appartenant à un Passé Vieux de plus de 2000ans. Incroyable. Ca me fait toujours une Sorte de vertige de savoir qu’il y a 2000ans, des Gens ont vécu ici, et qu’aujourd’hui, ils ne sont plus là. Et nous, dans 2000ans, en l’An 4006, on sera également de la Poussière, logés à la même Enseigne. Aujourd’hui, j’ai toujours autant de Plaisir à visionner le Concert dans les Ruines de Pompéi de Pink Floyd, puisque j’ai moi aussi visité ce genre de Ruines.



Une Photo Rigolote, maintenant : Un Copain de Voyage, Babou, avec qui nous nous étions un peu éloignés du Groupe pour nous promener dans une Forêt où vivent des Singes. Un peu partout dans cette Forêt, on trouvait des Crânes de ces Singes ! On en apercevait aussi au loin, se promenant par Groupes de 5 ou 6, ça change des Lézards de Fontainebleau !

Ca fait un peu Peur au Début, puis après on repense au Premier « Indiana Jones » et on se dit que décidemment, les Ptits Singes comme ça, ce sont des Sales Bêtes ! D’où cette Photo où le Crâne du Singe semble sourire sur l’Épaule de Babou, bien qu’il lui manque le reste du Corps… Les Crânes semblent toujours sourire, avec leurs Belles Dents (quand y’en a encore).


Quand nous étions un peu plus Bas dans le Circuit, bien au Sud, nous sommes passés dans les Gorges du Dadès, qui n’avaient rien à voir avec la « Gorge d’Hadès » que je m’étais imaginé à l’Époque, ayant mal entendu le Nom de l’Endroit que nous visitions. Une Rivière dans un Petit Canyon, et un Branche tombée là, qui servait de passage pour les Lézards, je pense (toutes nos tentatives pour passer de l’autre coté se sont soldés par une Chute dans l’Eau). Je repense à ce Contraste Violent, Primaire, Brut et Beau, entre l’Orange de la Vallée, et le Bleu Pur au-dessus, Inondé de lumière.


Juste avant le Grand Désert, nous nous sommes arrivés à une Grande Plaine Désertique, avec Moult Cailloux, un Lac isolé, et surtout, un Campement Berbère qui était là par hasard, et qui nous a accueilli les Bras Ouverts pour partager un Thé à la Menthe Divin. On se sent très très très Bête quand on a en face de soi des Gens qui vivent ici toute l’Année, dans le Désert.

Et nous, Européens, qui venons visiter le Pays où ils vivent, avec nos impolitesses, nos manières soi-disant « Civilisées » (je me souviens d’une Pouffe nous accompagnant, dont la première phrase fut « Ptain comment ils font pour vivre là, comme ça ? ») et surtout nos dépendances à de nombreuses choses si dérisoires comparées à la sagesse du Mode de Vie de ces Gens.


Oui, c’est une Vraie Claque dans la Gueule que de voir comment ces Gens vivent, on se rend compte que les Gens autour de nous qui se plaignent qu’il n’y ait pas de Frites à la Cantine mériteraient des Coups d’Boule. Quel Souvenir, que ces Gens dont le Sens de l’Hospitalité est bluffant, qui ne vous posent pas de questions embarrassantes, qui partagent simplement un moment de « rencontre », pour parler un peu, par politesse, car lorsque Deux Personnes se rencontrent, elles partagent un Thé, et surtout la Parole, le Dialogue. Des Gens qui vous servent un Thé à la Menthe alors que vous venez à peine d’entrer dans leur Tente (ils nous ont vu bien avant qu’on les voit, et avaient déjà commencé à préparer le Thé) et qui ne portent pas sur vous de Jugement. C’est ça qui m’a le plus étonné. Pas de Jugement, pas de « Pose », pas de discussion futile, tout juste un « D’où venez-vous ? » et puis après, des regards calmes.

Et puis le Grand Désert. Le Grand Désert avec ses Dunes Roses, au loin, Magnifique et Immense. Marcher dedans pieds nus, escalader une Dune, en souffrant : Avec ses Chaussures, on s’enfonce, sans Chaussures, le Sable vous brûle les Pieds. Une Petite Maison en contrebas, quelqu’un y vit, accueillant les Touristes. Certains restent en bas, à l’Ombre de cette Maison, au lieu de venir en haut de la Dune comprendre pourquoi certains croient en Allah, Jéhovah, Dieu, quelque soi son Nom. Ils feraient mieux de nous rejoindre, d’en haut la Vue est magnifique. Devant cette immense mer rose, je comprends enfin pourquoi certains sont Croyants. Cet Espace invite à la méditation, c’est évident. La Solitude du navigateur, ou celle du Marcheur du Désert, même Combat : On est seul face à soi-même, en Combat contre la nature. On la combat, et en même temps, au Fond de nous, on s’incline devant la Beauté (et donc la Force) de cet Environnement.


Le Soleil se couche, nous allons dormir ici, sur le Désert. Au-dessus de nous, le Ciel, avec des Etoiles, innombrables. Et la Lune, pleine et ronde, qui vous crée une Ombre aussi sombre qu’en plein Jour. C’est Magique, c’est Simple. Au Loin, notre guide se tient immobile, nous nous approchons de lui, il nous fait signe de rester à distance. Il tient une Lance dans sa main, visant le sol devant lui. Nous restons là à observer sa curieuse pose, puis au bout de 30 Secondes, il plante sa Lance dans le sable, la ressort aussitôt, et nous présente un Petit Scorpion, tout frétillant, se débattant vainement contre la Lance fichée dans son Abdomen, avant de s’immobiliser, crevé.

Vous pouvez voir de Belles Photos de ces Dunes ici, ici et ici. Après cet Interlude, nous nous couchons, collés les uns aux autres, et je regarde les Etoiles de nombreuses minutes avant de m’endormir sur mon Coussin de Sable. Cliquez sur la Photo ci-dessus. C’était en 1995. Onze Ans après, une Personne de Goût, par Mail, me cite du Baudelaire :

- Qui aimes-tu le mieux, homme énigmatique, dis ? Ton père, ta mère, ta sœur ou ton frère ?
- Je n'ai ni père, ni mère, ni sœur, ni frère.
- Tes amis ?
- Vous vous servez là d'une parole dont le sens m'est resté jusqu'à ce jour inconnu.
- Ta patrie ?
- J'ignore sous quelle latitude elle est située.
- La beauté ?
- Je l'aimerais volontiers, déesse et immortelle.
- L'or ?
- Je le hais comme vous haïssez Dieu.
- Eh ! Qu'aimes-tu donc, extraordinaire étranger ?
- J'aime les nuages ... les nuages qui passent... là-bas... là-bas... les merveilleux nuages !


[ 24 Octobre 2006 - E-Mail ]