Si il y a bien un Truc Chiant avec le Temps, c’est la Mémoire qui s’en va, et les Sensations qui disparaissent. Sur cette Page, je parlerais de l’Ecole, et la Vie lorsque j’y étais, mais surtout, du Trouble que je ressens souvent en n’arrivant pas à me souvenir de la façon dont se déroulait une Journée là-bas.

Je me souviens un peu de la Maternelle, de la photo de Classe où nous étions tous assis dans l’Herbe, devant la Palissade (Pointue) Verte et Blanche avec (déjà) la Peinture qui s’écaille et les Echardes impossibles à enlever, même en passant toute une Après-Midi dessus. Sourire car le Photographe nous demandais de sourire. Je me souviens que l’Herbe était Propre, et qu’à aucun moment je ne me suis demandé si on risquait de s’asseoir dans une Merde. Alors qu’aujourd’hui, je regarde Deux fois avant de m’asseoir dans l’Herbe. J’ai appris la Méfiance, bien que je ne me sois jamais retrouvé le Cul posé sur une Crotte. La Journée en Classe Maternelle, je ne m’en souviens absolument pas. En fait, je ne sais plus à quelle Heure ça commençait et à quelle Heure je finissais.


C’est Flou, et ça contribue au Facteur « Hors du Temps » qui joue un Rôle Essentiel dans des Tas de Bons Moments qu’on a passé, mais sans se souvenir de leur Horaire. Peut-être que je suis trop obsédé par les Chiffres et qu’en même temps je hais les Gens qui raisonnent en Chiffres (Commerce etc). Je me souviens d’un Immense Dessin de Château Fort, bien Grand, avec plein de Créneaux partout.

Je me souviens de la Maîtresse nous parlant de Picasso et de ses Périodes (Bleue, Orange…) et à l’Epoque ça ne me marquait pas plus que cela, aujourd’hui j’aurais bien aimé me souvenir de ce qu’elle nous avait dit à ce Sujet. Je me souviens aussi de jouer à X-Or, mais surtout des Dessins collés au Vitres, et dont les Couleurs étaient complètement passées, fades, à cause de la Lune (on m’avait dit ça à l’Epoque).


L’Ecole Primaire, c’est tout de suite un autre Monde. Les Rivalités arrivent, les Personnalités éclosent Petit à Petit, et j’ai l’Impression que c’est à cette Période qu’on se met à « trier » les Choses : Amis, Goûts, Projets. En Maternelle, on est tous Amis, en Primaire, les Fissures arrivent, les Bastons, les Rancoeurs, les Histoires de Cœur, les Contrôles, la Peur d’avoir une Mauvaise Note. Je me souviens que c’est durant l’Ecole Primaire que j’ai su tout de suite ce que je voulais faire plus tard : du Dessin. Et je me souviens surtout qu’aucun de mes Amis ne savait ce qu’il voulait faire « plus tard ». Je n’ai aucun Sentiment par rapport à ça, je ne me sentais nullement supérieur, nullement inférieur. Juste, je « savais » ce que je voulais.


On me parle souvent de « Don », et je me souviens d’un Documentaire Passionnant sur Arte qui traitait de ce Thème, et un des Intervenants exposait une Hypothèse qui me fait Froid dans le Dos : « Un Enfant qui sait ce qu’il veut faire plus tard a en fait PEUR de ne rien faire, et du coup il se persuade qu’il sait déjà ce qu’il veut faire en fonction du Don qu’il a ». Ainsi, un Ami rêvait de faire Sport Etudes, un autre voulait devenir Architecte, moi c’était le Dessin, et je ne me souviens pas de ce que voulaient faire les autres. Est-ce qu’on se raccroche vraiment à son Don par Peur d’être comme ceux qui ne savent pas ce qu’ils veulent faire ? Ou alors est-ce qu’on a vraiment un VRAI Rêve ? Et si oui, il vient d’où ?

Ca me travaille beaucoup, cette Histoire d’Amorce, de Commencement, de « Chose » qui fait qu’à un moment donné, un Gamin sait ce qu’il veut faire plus tard. Ca me travaille beaucoup car il me semble impossible qu’un Gamin sache dire « Pourquoi » il veut être Architecte ou Dessinateur. Le Gamin dit qu’il aime construire des Maisons, le Gamin dit qu’il aime Dessiner, mais la Question qui tue c’est POURQUOI il aime construire des Maisons, POURQUOI il aime Dessiner ? Quand j’étais Petit, ce « Plus tard » semblait si loin alors qu’il n’était situé qu’à environ une Quinzaine d’Années.

Quinze Ans, le Temps de voir que tout change, les Rêves, les Espoirs, les Chemins qu’on veut prendre, mais qui se ferment, nos propres Aspirations étant aussitôt broyées par l’Eternelle Question qui agresse l’Ecolier dès qu’il débarque au Collège : Que faire plus tard pour gagner de la Thune et ne pas finir Clochard ? Le Collège : pareil que la Primaire. L’Adolescence, les Confrontations, les Premières Grosses Bétises…


Ensuite on arrive au Vrai Gros Morceau : Le Lycée. J’ai du mal à me souvenir de l’Etat d’Esprit dans lequel j’étais quand je me levais le Matin, que je prenais ma Douche, que je m’habillais et que je prenais le Bus pour y aller. Les Minutes avant que le Prof arrive, les Potes à qui on serre la Main, à qui on raconte les Trucs qu’on a vu hier à la Télé (un Avant-goût de ce qui nous attends dans le Monde du Travail, sauf que dans le Monde du Travail c’est des Collègues, pas des Potes).

Le Prof arrive, on lui dit Bonjour, on s’assoit dans la Classe, et commence alors le Cours, dont je ne me souviens pas vraiment à part que c’était Calme. Aujourd’hui, je pense que je serais encore plus discret qu’avant si je devais retourner là-bas, de Peur de faire des Conneries, de dire des Bêtises. Je me souviens que je rêvassais pas mal, en regardant par la Fenêtre, ou en regardant les Filles assis devant, leurs Cheveux…


Puis la Cloche sonne, et le Cours se termine, et on sort pour se diriger vers une autre Salle ou la même chose va recommencer, mais pour une autre Matière. Dans le Lycée où je suis allé à partir de la Seconde, il y avait plusieurs Bâtiments très espacés, car c’était situé dans un Grand Parc. On pouvait mettre sans Problème 10min pour aller d’un Cours à un autre, ce qui avait le Don de rendre Furax certains Profs à qui on répondait « Vous n’avez qu’à rapprocher les Bâtiments ! » J’arrive pas à me souvenir de ce que ça fait d’avoir des Devoirs, la Pression, le fait d’avoir une Pauv’Note si on foire le Contrôle, où l’envie de rester au Lit pour ne pas aller en Cours (ça par contre, j’avoue, je me souviens parfaitement) et glander chez soi, au chaud.

Je me souviens un peu des Cours d’Arts Appliqués, du Plaisir qu’on y trouvait, des Grandes Tables sur lesquelles ont déballait tout notre Matos pour pouvoir pondre quelque chose de Correct. Aujourd’hui, j’aimerais revenir dans le Temps et faire de Beaux Rendus. Je me souviens du moment « Hors-Temps » d’après la Cantine.
Je sais plus combien de Temps ça durait, mais c’était le Bonheur de s’allonger dans la Grande Pelouse du Parc où est situé le Lycée, et de discuter de Choses, de Trucs, en s’amusant, car rien n’a d’importance quand on est Ado et qu’on ne sait pas ce qui nous attends après le Bac.


[ 2 Juillet 2007 - E-Mail ]