En Eté, des Pétasses bronzent pour avoir l’Air d’être passées dans un Toatser. C’est Marrant car elles aiment être regardées avant et pendant le Bronzage, mais pas du tout après, quand la Peau pèle, et que le Bronzage s’en va comme la Peinture s’écaillant d’une Croute Néo-Impressionniste. Mais bon, tout ça n’est pas très grave, l’important est de frimer au Bureau devant les Collègues, attendant la Phrase qui Tue : « Oh ! Comme tu es Bronzée ! - Et oui tu as vu ? » Ca me surprend pas mal, cette Histoire de Bronzage. Question de Mode, évidemment. Et bien sur, si au Retour des Vacances, on n’est pas Bronzé, ça fait tache. Peut-être qu’un jour on arrêtera de souler les Gens qui ne sont pas Bronzés. Peut-être aussi que les Gens arrêterons de dire qu’une Fille qui est mince est forcément Anorexique, mais là je rêve.

Des Enfants crient en courant après un Ballon. Je ne comprends pas trop la Mépris que certains éprouvent pour le Foot, et la « Peur » que leurs Enfants se mettent à aimer ce Jeu. A 10 Ans, ce n’est pas parce qu’on aime shooter dans un Ballon pour le mettre dans un But que plus tard on restera 90 Minutes assis à regarder un Match à la Télé, hurlant au Complot Judéo-Maçonnique pour un Penalty accordé alors que c’est la Faute de l’autre Enculé d’sa Race de l’Equipe en face. Ce n’est pas parce qu’on aime jouer au Foot qu’on est Supporter. Ce n’est pas parce qu’on joue au Foot qu’on est Mauvais Joueur. Le Foot, j’aime ça. Je joue très mal, mais j’aime ça.


Et les Gens qui me regardent avec de Grands Yeux (quand je leur dis que j’aime ça) me courent sur le Système plus vite que Zidane. Oui, le Foot c’est Beau, car c’est Abstrait. Marquer le But est juste l’Objectif, la Beauté vient de la façon dont on remplit cet Objectif. Par la droite ? Par la gauche ? Au-dessus ? En planifiant une Action ? Mais je m’égare. Les Enfants courent après le Ballon, mais aussi des fois après des Pigeons essayant de s’accoupler tant bien que mal, dérangés dans leur Roucoulante Gestuelle par des Marmots ébahis de voir que même les Pigeons jouent à Saute-Mouton.

Un Vieux Monsieur promène ses Petits-Enfants, ayant un peu de mal à suivre. Les Enfants hurlent dès qu’ils voient le Manège, ou un Canard, et le Vieux Monsieur esquisse un Sourire, les laissant courir vers le Crétin Volatile ou le Tournicotant Carroussel. Il sourit en leur disant « Allez-y, je vous rejoins là-bas ! » mais c’est pour cacher le fait qu’il ne peut plus courir aussi vite qu’eux.


Peut-être que son Enthousiasme est encore vif, peut-être qu’il veut lui aussi faire un Tour et essayer d’attraper la Queue du Mickey. Mais il ne peut pas. Le Vieux Monsieur promène ainsi ses Petits-Enfants car leur Parents ne peuvent pas s’en occuper.

Les Joggeurs Colorés passent en courant, évitant les Flaques d’Eau pas encore évaporées, ainsi que les Crottes de Cheval déposées là une minute auparavant. Les Joggeurs, ça fait Cinq fois que je les vois passer, je connais leur Plaisir, je connais cette excitation : Au Bout de Dix Minutes, les Jambes courent toutes seules, on est devenue une Machine, une Machine à courir qui doit lutter contre le Cerveau. Voilà le Combat : Les Muscles disent « Ca fatigue !!! », le Cerveau dit « Ta Gueule, c’est bon pour toi. » Mine de rien, ça vous plonge dans une Espèce de Transe qui accompagne cette Course. Pendant cette Transe, tout est étrange : On regarde ses Pieds, et on les voit avancer tous seuls, une Partie de notre Corps est passée en Pilote Automatique, et la seule façon de conserver ce Pilote Automatique est de faire attention à ce qui se passe en haut : la Respiration (éviter le Point de Coté), la Motivation (« Allez, tu as déjà fait Trois Tours, tu peux en faire un autre ! »), et le Regard vers le Futur, le Regard vers la Chose une fois terminée.

Se positionner déjà dans le Futur, et se dire que ce n’était pas si compliqué que ça, finalement. Et le Tour est joué ! On est pas ici, on est 500 Mètres plus loin, on en est pas au Deuxième Tour, on se voit en train de faire le Quatrième, on n’est pas en train de souffler, on est déjà dans le Bain, à la Maison. Il faut oublier, oublier, jusqu’à s’oublier, pour ne plus devenir qu’une Machine, une Machine de Muscles. Le Cerveau fait alors gonfler la Volonté, et tout disparaît : l’Absurdité du geste (courir en rond autour d’un Lac) s’efface car on ne pense qu’à la Finalité. La Fierté nous envahit : Là, je fais quelque chose de bien pour mon corps !


Une Vieille Dame sur un Banc retient en Laisse un Caniche Epouvantable, avec beaucoup de Bave. Il bave, il pue, oui mais il meurt d’envie de Jouer avec les Gamins qui passent devant lui en courant, et sa Laisse lui brûle le Cou. La Vieille ne lâchera pas, la Conne. Alors que le Caniche, une fois en Liberté, reviendrait aussitôt quand il aurait Faim : il n’oublie pas qui le nourrit.

Ce Pauvre Clebs s’étrangle, debout sur ses Pattes Arrières, tendant ses Pattes Avant dans un Geste Désespéré vers le Ballon qui roule à 30 Centimètres de lui. Sa Gueule largement ouverte, sa Langue Rose déformée, sortie, il n’en peut plus, sa Queue tourne plus vite que celle d’un Hélicoptère. Les Gamins ramassent le Ballon, et s’en vont en regardant avec amusement le Pauvre Chien qui écarquille les Yeux, qui se rassoit, puis qui regarde sa Maitresse qui lui assène un Cruel « Non ! » Des Crétins matent les Filles qui bronzent, une Main dans la Poche, une autre dehors, tripotant leur Portable. Certains sifflent en voyant les Filles (qui ne bronchent pas).

Peut-être espèrent-ils vraiment que quelque chose se passer en les sifflant ? Il en faut, une Dose de Naïveté, pour penser qu’une Fille leur rendra un Sourire quand ils passeront pour la Quatrième fois près d’elle. Est-ce que ces Garçons arrivent à se projeter dans le Futur ? Est-ce que ça sonne Romantique de dire « Ta Mère et moi nous nous sommes rencontrés dans un Parc. Maman bronzait, je l’ai sifflé comme n’importe quel Connard, et nous nous sommes rencontrés. Déjà à l’Epoque, j’avais une Main dans la Poche, et le Portable dehors, dans la Main, pour le tripoter. » Mais en fait, je me goure, ces Garçons passent juste pour mater, ils n’espèrent surement rien, si ils voient un Bout de Téton ils repartent heureux, et j’extrapole des Conneries Psycho-Machin à Deux Balles du Niveau d’un Commentateur Sportif tentant d’interpréter de façon intelligente un Geste Anodin dénué de toute Symbolique de la part d’un Sportif quelconque.

Dans un Parc, il se passe tout ça. Alors comment font les Gens pour rester devant leur Télé quand dehors il fait Beau, et que glander un Après-Midi dans un Parc est le Meilleur Moyen de s’aérer l’Esprit au lieu de glander devant la Boite à Pub ?


[ 12 Décembre 2006 - E-Mail ]