J’ai découvert Rhoda Scott par pur hasard. Enfin, pas complètement, en fait je traînais à Bouliner, un Magasin avec entre autres, des Vieux Vinyles dans des Bacs en Bois. Friand de choses Classiques, friand de choses avec du Hammond, je tombe sur « Come Bach To Me » au Rayon « Negro Spirituals ». Je me dis alors « Tiens, du Gospel mélangé à du Bach ? Ca me botte. » et je repartai bras-dessus bras-dessous avec Rhoda Scott, dont j'ignorais alors tout, mais tout !


La Pochette m’a tout de suite attiré, mis à part ce Mélange de Bach et de Gospel. C’est cette Tête de Bach « repeinte » en noir, ce coté solennel, qui m’a séduit. Car si ce coté solennel est plombant, pesant, un peu lourd, lorsqu’on retourne la Pochette, qui c’est qu’on voit ? Rhoda. Là, je pars dans un Délire de Fan transi, pas grave, je la trouve magnifique dessus.

Elle a un regard plutôt naturel, avec un léger sourire, presque une Joconde. Une Main posée sur son bras, et un habit violet sombre, avec une petite décoration, le tout sur fond noir. Les Noms des Chansons, avec qui a composé quoi. Sur cet Album, il y a du Bach mélangé à The Preacher, Otis Redding, Dvorak, Beethoven, Moanin, Prévert et Cosma. Ce Disque n’existe pas en CD, à ma grande tristesse.

Comme dans d’autres Albums de Rhoda, il s’agit d’Hammond avec un Batteur derrière qui accompagne. Au début je cherchais le Nom du Bassiste sur la Pochette, et puis je me suis souvenu qu’avec l’Orgue, ce sont les Pieds qui font la Basse. Et le Détail du Fan Transi qui est heureux : Rhoda joue pieds nus. On la surnome la Barefoot Lady sur tous ses Albums.

C’est cette Maîtrise Technique alliée à une sensibilité et une inventivité (mélanger Bach à Prévert, par exemple) qui m’ont eu dès le 1er Coup. Aujourd’hui encore, ce Disque est un de mes préférés de Rhoda. Pas juste quelques morceaux, non, le Disque entier. Les Morceaux composés par Rhoda sont très intéressants, limite Progressifs, de part leurs nombreux changements rapides. Souvent, on est un peu perdu, surtout lors du Deuxième Morceau, et c'est peu dire que j'aime ça, être perdu dans un Univers si Beau !

Plus tard, à la Médiathèque, j’ai emprunté un autre Disque de Rhoda Scott : Negro Spirituals. Très différent, c’est un Superbe Album de Gospel, mais aussi un Album Intimiste (même si on entend souvent un Chœur derrière), dans le sens ou Rhoda joue, mais chante aussi ! Encore une maîtrise technique qui me renverse : jouer des 2 mains, des 2 pieds… et chanter en même temps. Une certaine idée de la perfection, à mon sens.

Les Titres joués sont de Standards du Gospel, avec les Classiques comme Swing Low Sweet Chariot, Steal Away, Down By The Riverside, et bien sur When The Saints ! Figurent également 2 Instrumentaux à tomber par terre de délicatesse : Old Man River, et Stay. Le Clou étant Sometimes I Feel Like A Motherless Child, long de 9 Minutes, au Rythme Soul, où Rhoda s’en donne à Cœur joie vers la Moitié du Morceau en chantant les Notes. Un instant Magique, renforcé par un virage Jazzy presque improvisé dans la Deuxième Moitié ! La Batterie s’emballe, Rhoda tricote tout pleins de Notes, qui montent, qui montent, jusqu’à revenir au Thème du Morceau. Enfin, Clou du Clou, le Dernier Morceau est extrait du Concert à l’Olympia, et s’appelle Wade In The Water C’est rapidement devenu mon Titre préféré sur cet Album Negro Spirituals. Pourquoi ? Rapide, avec un Refrain imparable, simplissime, éclatant. Des couleurs vives, qui se marient avec la Batterie qui n’arrête pas derrière, où Rhoda laisse quelques espaces pour qu’elles puisse s’exprimer quelques courts instants, le temps de Breaks bien sentis. Un Bonheur ! Wade In The Water !

Je ne connaissais donc de Rhoda que Come Bach to Me, et j’avais vu quelques Vinyles dans une autre Boutique, mais à un Prix un peu trop exorbitant pour me les offrir. Et puis un jour, le déclic 30 Ans après tout le Monde : je vais faire un tour au Virgin Megastore, et je tombe sur 2 autres Albums : Take Five, et Summertime.




Take Five est un Régal, bourré à craquer d’Optimisme, de Fraîcheur et d’Humour. Il y a bien sur le drôle Mighty Nice, Speak Low qui rappelle Bluesette, et même Moanin, dans une Version différente de l’Album Come Bach To Me, débarrassé ici du Prélude de Bach. On trouve aussi une Version tout en courbes de Il Est Mort Le Soleil, et un Titre tout en sensualité « Delilah » avec une Flûte tissant des nuages ici et là. Enfin, Take Five clôt l’Album de façon simple, avec cette mélodie immortelle de Brubeck.

Summertime est plus profond que Take Five, plus « Aquatique » je dirais. Il a une Tonalité plus triste, mélancolique, et calme, aussi. L’écouter dans un Bain est Merveilleux. La Chanson Titre ouvre l’Album tout en douceur, tranquillement, avec une Batterie très feutrée. Puis, tout doucement, ça se transforme en Jazz, la Batterie étant plus présente. Ce Morceau est un de mes préférés, de part cette Mélodie incroyable, immortelle.

 

Ensuite, My Funny Valentine, très triste. Juste après, nous avons Round Midnight, sublime, qui touche les Notes « justes » comme le Solo de Pink Floyd sur Shine On You Crazy Diamond. Le Morceau avance calmement, sans se presser, puis vers 05.30, c’est la conclusion avec une suite d’accords plaqués qui donnent le vertige.Misty vient après, suivie de Tanikka, dans la même veine : Soul. Never Let Me Go démarre avec le Refrain connu, et Rhoda s’amuse à tricoter autour de ce Thème. Géniale. Les autres Morceaux sont sympathiques, homogènes, et l’Album se finit par une Sublime Composition : La Valse à Charlotte, superbe Valse trop courte, où Rhoda se permet quelques montagnes russes autour de la Sublime Mélodie, dingue de simplicité.

Plus tard, je trouvais sur Internet quelques Morceaux de Rhoda Scott, pas mal, dont le Fantastique Nyugi Nyugi, avec des écarts assez perturbants, presque Progressifs, sur fond de Jazz, avec des ambiances très changeantes, comme un Conte. Mais le mieux, ce fut quand Gitanes ré-édita 2 Albums : celui avec Kenny Clarke, et surtout, surtout, le Live à l’Olympia, que je cherchais partout depuis Wade In The Water ! Dans l’Album de Kenny Clarke, je retiens avec attention Bitter Street ! Sautillante, avec des montées comme je les aime, et des Improvisations presque Flûtiennes ! On Green Dolphin Street, le dernier Titre de cet Album est rigolo comme tout, ça rappelle Charie Oleg ! Ah oui ça me rappelle : si vous ne supportez pas Charlie Oleg, changez vite de Site, vous aurez vite compris que j’adore l’Orgue Hammond et les Mélodies en Forme de Sauterelles. Mais laissez-moi vous présenter le Concert à l’Olympia…




Rhoda Scott - Live à l’Olympia est un des plus merveilleux albums que je n’ai jamais entendu (au risque de me la jouer sérieux). Bon, d’accord, si vous êtes allergique à l’Orgue Hammond (celui qu’on entend dans les Gospels ou dans le Jazz) vous risquez de trouver çà de mauvais goût, vieux, dépassé, craignos, voire kitch, et là vous risquerez d’aimer, "mais parce que c’est kitch", ce qui est un peu dommage...

Ce Live, enregistré en 1971, est super varié. Le Premier titre, Bluesette, est un titre de Toots Thielemans joué à la Guitare à la base, et dont la mélodie est siffloté sur la Version Originale. Bluesette a tout d’une petite valse jazzy toute simple, avec un lyrisme dans les accords assez bluffants vers 02.55, qui fout le vertige. Le Deuxième Titre est l’Hymne à l’Amour (d’Edith Piaf) chanté en Français par Rhoda avec un accent anglais sympa. Ce Morceau est un vrai tire-larmes. Le Troisième titre est Equinox, de Coltrane. Dans celui-ci, Rhoda nous présente Joe Thomas, à la flûte. Enjoué, rapide, Joe se permet même une petite citation, la mélodie de Carmen (L’Amour est Enfant de Bohème) vers 02.50. Equinox est également un Show, avec d’abord une large place accordée à Joe Thomas pour s’amuser à la Flûte, puis Rhoda qui se déchaîne littéralement dans la Seconde Moitié, à tomber par terre.

Le Quatrième morceau, le Fameux Wade In The Water, est LE Classique du Gospel. Rhoda y chante en Anglais. Un des sommets de l’Album, avec le Batteur qui se déchaîne par moments. Le Cinquième morceau, People, est une merveilleuse ballade, dans la même veine que l’Hymne à l’Amour de Piaf. Les Paroles sont magnifiques. Lil’ Darlin, le Sixième morceau, est un long morceau plutôt sympa, avec une mélodie agréable. Le Septième morceau, Ain’t No Use, est un blues plutôt festif.

Le Huitième morceau est une tuerie, Ca Va Mieux (c’est le titre) ou Joe Thomas joue de toute son âme. Le morceau rappelle un peu le Vieux Générique de Batman, enfin c’est perso. Dedans, Joe Thomas pond un solo de Flûte complètement fou, ou à un moment il tient la même note pendant plus de 2 Minutes. Dingue. Thank You, l’avant-dernier morceau, est comme Bluesette, c’est merveilleux, avec en plus cette fois-ci, Joe Thomas au saxophone. Enfin, I Hear Music termine l’Album avec un solo de Batterie, sur fond d’Accords Majestueux de Rhoda. Inutile de dire que cet Album est un des mes Préférés, toutes Catégories confondues, aux cotés d’Amarok de Mike Oldfield bien évidemment.


[ 6 Mai 2004 - E-Mail ]