Leur Musique me fait Rêver, Planer, danser, à un Point, je pense que je fais une Grosse Fixation sur Tangerine Dream, et c’est pas prêt de s’arrêter. Un Groupe comme celui-là me colle à la Peau, depuis ce Jour où à la Médiathèque, me promenant au Hasard, je tombai sur « Rubycon » et « Ricochet », j’empruntai les Deux directement. C’est bête et méchant, mais en regardant la Longueur des Morceaux, je me suis dit « Tiens, ça doit être pas mal… Des Grands Paysages de 20 Minutes à chaque fois ». C’est bête hein ? Ca aurait pu être Hyper-Lourd, Dégoulinant, et ben non. Je suis devenu accro. Et pourtant, c’était pas gagné, vu que Tangerine Dream, si on s’attache au Matériel, c’est que du Synthétiseur avec des Percussions quelque fois, du moins sur les 2 que j’avais emprunté à cette Epoque, c’était vraiment du Froid, du Triste, du Synthé Frigidaire !


Rubycon. Immense Fresque Planante, presque un Opéra pour Baleines. C’est Grand. Il faut attendre presque la Moitié pour que le Groupe nous plonge encore plus loin. C’est ce que j’appelle chez TD la Phase « On a trouvé un Truc ». Sur le Live « Encore » c’est plus visible. En fait, il faut savoir que presque tous les Concerts du Groupe étaient improvisés.

Ca donne une sorte de Recherche Formelle Purement Jouissive, et puis, à force de tripatouiller, on arrive à « trouver quelque chose » (une Ligne de Basse, un Motif) et on le met en boucle, et on improvise là-dessus, on se laisse porter par une sorte de Transe, sensiblement proche de Magma pour le coté obsessionnel et répétitif. Et ça donne des très beaux creux de vagues, des interventions, des collages, des superpositions, le tout s’emportant bien bas tout au fond de l’Abysse.

Dans la Seconde Moitié de la Première Partie, c’est ça. On se laisse emporter dans cette Danse Glacée, avec cette Ligne de Basse Ultra-Simple, sur laquelle le Groupe prends son temps pour se laisser glisser doucement, en sautillant quelques fois, jusqu’à se laisser s’éteindre tout seul, pour commencer la Deuxième Partie. Cette Partie ressemble au Début à 2001, Odyssée de l’Espace, c’est vraiment à filer des chocottes terribles : Chœurs Lugubres, Envolées et Descentes. Puis, vers 5 Minutes, le Groupe repart sur le Système de Ligne de Basse pendant une bonne dizaine de minutes, puis repart ensuite dans un Voyage Lunaire similaire au début, comme un Cycle. Rubycon n’est pas pour moi le Meilleur Disque, mais il pousse loin le coté « Faisons un Truc Super Glauque ».


Ricochet est déjà beaucoup plus intéressant. C’est un Live. Il faut savoir que, comme je l’ai dit plus haut, presque tous les Live sont improvisés, avec dedans des Thèmes et des Motifs bien connus de leurs Albums. Donc c’est bien simple, avec Tangerine Dream, un Live = un Album Inédit. Géant ! Pour décrire Ricochet, je vous raconte ce qui m’est arrivé, longtemps après avoir découvert Ricochet. J’ai été voir Kill Bill, dans un Gros Cinéma avec une Dizaine de Salles, et quelque chose m’avait vraiment fait sursauter : tout d’un coup, je reconnais une Musique, je me demande si c’est vraiment ça, et oui, c’est bien ce que j’avais en tête : le type qui s’occupe de la Musique a carrément mis Ricochet de Tangerine Dream en attendant le Début du Film ! Incroyable, à une époque ou on nous emmerde avec la BO du Seigneur des Anneaux, ou avec les Derniers Morceaux à la Mode, le type a osé mettre du Tangerine Dream !


La Première Partie commence par un son grave et lourd qui vient de nulle part. Puis, quelques notes, presque au hasard, qui reviennent un petit moment. Des percussions bizarres commencent, toujours avec ce fond grave, et une vague recouvre tout. Ne reste que cette tonalité grave, cette même note. Un son clair annonce ensuite le Riff de cette partie : 3 notes toutes bêtes, les Percussions qui improvisent par-dessus, puis la Guitare qui joue un motif suivi par un autre synthétiseur. D’autres Synthés arrivent, tout commence à s’emmêler au fur et à mesure, des notes par-dessus d’autres notes, comme une Transe Lente et Méthodique.

Le Cycle se répète, à l’Infini, une sorte de Tourbillon, et puis tout monte de plus en plus, jusqu’à ce qu’une voix superposée à une autre dise quelque chose de bizarre, impossible à comprendre, d’abord à gauche, puis à droite… et ne reste que le rythme, cette fois-ci un peu plus étoffé. Lentement, des Toms arrivent, une ligne de Basse typique de cette période, avec un son bien Synthé s’installe alors, comme des gouttes qui tombent, tandis que les Nuages s’accélèrent sur une autre ligne, plus sombre. La Guitare improvise.





Et c’est reparti pour une autre Boucle de plus en plus saturée en sons, créant une sorte de « Mur ». La Basse change de Motif, tout s’enchaîne, se répète, revient, repart, les Percussions s’emballent, même si on ne les entend pas assez à mon égout. Ici c’est le Synthé qui prime. Quelques notes cristallines rapides, et les Percussions cette fois bien présentes repartent de plus belle. Et puis tout s’éteint, tout s’en va, doucement.

La Deuxième Partie débute par un motif au Piano de toute beauté, tout simple, ne touchant que les « bonnes » notes, comme dans « Shine On You Crazy Diamond » de Pink Floyd : pas beaucoup de notes, mais des notes justes, essentielles, sans fioritures, sans surenchère, juste celles qu’il faut. Derrière le Piano, le Synthé suit avec un son proche de la Flûte. Et le Morceau s’achève sur une improvisation de Flûte, et… un Riff clair de Synthé repart de plus belle, tandis que comme d’habitude, les sons s’installent uns par uns, se greffant pour donner un mélange surprenant, montant, descendant, au gré des improvisations. C’est reparti !




Puis, vers les Deux Tiers, un son étrange se fait sentir, comme une porte qu’on claque, annonçant la fin de cette partie « tourbillon ». On redescend, une voix en boucle « Don, Don, Don… » sur fond de bruits industriels, qui martèlent, formant un autre rythme. Puis revient ce son étrange, les « Don, Don, Don… » et enfin la Flûte qui joue un motif hypnotique. Et enfin, encore et toujours, on revient au tourbillon, toujours cette structure en spirale, en crescendo, pour qu’enfin, le Morceau se finisse tout en douceur, sur fond de Voix Synthétiques de Mellotron, complètement aériennes bien que sombre et graves, et à moitié présentes.

J’étais fou de joie, je voyais l’expression des autres spectateurs « Mais, c’est quoi ce truc, on dirait même pas de la Musique ! » qui entendaient du Tangerine Dream en plein cœur d’un Cinéma ! Dire qu’ils faisaient des Concerts dans des Cathédrales… Rien que pour le plaisir des Yeux, quelques images de leur Concert (Ricochet, en plus) à la Cathédrale de Coventry, en 1975. Enfin, juste le début, avec ce long Zoom Arrière qui me rappelle Live à Pompéi de Pink Floyd.


Après, c’est Phaedra que j’ai écouté. Phaedra fait vraiment peur. Attention, je vais dire un Mot Tendance : il est plus « Industriel » que les autres. Ca commence directement par une Gros Mélange de Pleins de Sons, très Bizarres, et à la fois très Simples. Ca se développe un peu comme Rubycon, mais en nettement plus « Transe » car là ça dure des Plombes, et la Transe atteint son maximum en matière de « laisse-toi emporter par le Tourbillon ».

L’Ambiance est clairement menaçante. J’ai écouté Phaedra dans le Métro, une fois, et pour moi, ça évoque bien le coté répétitif quand on prend le Métro, tous les Gens prenant le Métro, Métro Boulot Dodo, comme un Motif en Boucle. Au bout de Dix Minutes, ça s’arrête, on reprend ses Esprits loin de cette Ligne de Basse qui nous a épuisé. Et à la Fin, ce sont de Grandes Traînées de Synthé qui s’amenuisent au fur et à mesure.

Les 3 Autres Morceaux de l’Album sont Etranges. Mysterious Semblance at the Strand of Nightmares est Sympa comme tout, tout en Lenteur. Movements Of A Visionnary ressemble à un Croquis Préparatoire de Phaedra, mais en plus « heureux ». Enfin, Sequent C clôt Phaedra, comme une Prière.


Avec Stratosfear, on souffle, on repart sur un mode plus Optimiste, avec des Mélodies, des Percussions, une Structure déjà plus familière qui rend la Musique plus rassurante, moins « Je vous emmène dans les profondeurs de mes Synthétiseurs ». Stratosfear est plus porté sur les Mélodies, comme en témoigne le Thème Principal, annonçant le Générique de Tonnerre Mécanique (Street-Hawk) qui viendra sur l’Album « Le Parc ». Stratosfear est carrément dansant, et est TRES idéal pour dessiner.

Ca me fait un peu penser à Equinoxe, de Jarre. Ce qui est sympa, c’est cette utilisation plus poussée de la Guitare, avec quelques interventions du plus bel effet, vers 07.31 ! Après ces 10 Minutes Sublimes, on repart sur quelque chose de plus « Ambiant », qui débouche sur un Passage où la Guitare et le Synthé-Flûte s’amusent à jouer ensemble. Les 3 Autres Morceaux de Stratosfear sont sympas, surtout The Big Sleep In Search Of Hades, qui développe bien le coté « Grande Envolée de Synthé ».


3AM at the Border of the Marsh from Okefenokee est Sympa, comme une Extension de Stratosfear, mais sans les Renforts de Synthés derrière, on dirait un croquis. Enfin, Invisible Limits finit l’Album, au Piano. Le Double Live « Encore » est un Sommet. Quatre Morceaux de 20 Minutes de Pure Abstraction. Le Premier est décidément mon préféré, car il combine plusieurs éléments différents, bien représentatifs du Groupe : Introduction Planante avec de Grandes Nappes de Synthé, Amorce de Tourbillon, puis passé ce Cap, on démarre sur un Voyage mélangeant Sons Aigus, Flûte, et surtout, une Ligne de Basse permettant au Groupe de superposer pleins de trucs sur une même Ligne tracée en Boucle. Le Deuxième Morceau possède un Solo de Synthé plutôt rigolo, et se finit par le Thème de Sequent C, de Stratosfear. Le Troisième Morceau a des Percussions Agréables, Flottantes. Le Quatrième est déjà plus Glauque…




Tangram est un Bonheur, et commence bien la Période plus Commerciale du Groupe, Commerciale dans le Sens où le Groupe se veut plus accessible. C’est pour moi un bon Equilibre entre le Coté Instrumental et le Coté Mélodique et Frais, sans tomber dans le Glauque du Double Album « Zeit », qui me fait horreur. Rien que dès le Début de Tangram, on sent qu’on nous prend plus par la main, on est moins largué au Milieu d’un Tourbillon d’Orgues.


Ca se développe tranquillement, et c’est là que ressort le Coté que j’aime le Plus de Tangerine Dream : ça devient très « Rock Progressif » avec en plus une Utilisation plus importante de la Batterie, et surtout, des idées qui partent dans tous les sens, quitte à oublier de prendre son temps et de développer un Motif, tant pis, il faut que ça éclate, et les différents passages durent moins longtemps. Des images plus différentes ressortent alors. Des Paysages Rocailleux de Stratosfear ou des Plages de Rubycon, on passe à des Endroits plus « Heureux » !

Encore une fois, toutes ces Idées sont reliées par une Ligne de Basse caractéristique de TD, en Boucle. Au bout de 07.30, on passe à autre chose ! Thème carrément plus Sympa, qui ouvre vraiment des fenêtres bienvenue dans l’Univers Ténébreux et Triste du Groupe. Bruits de pas… Développement en Boucle, et on repart sur autre chose ! La Deuxième Partie est encore mieux : Cris de Guitares, Ligne de Basse très sautillante, le tout bidouillant un Univers plus nerveux !

White Eagle suit le même chemin. Mojave Plan démarre en Beauté avec ce Thème de Basse Hypnotique et ses Percussions (vers 05.50) qui me font penser à celles des Bjork pour « Hunter ». Le Thème est à pleurer de Bonheur. A la Moitié, on change de Partenaire et on passe à une variation ! Toujours aussi Joyeux et dansant, Mojave Plan est Terrible, et me fait passer d’Excellentes Séances de Dessin à chaque fois. La Fin, limite Rap, avec ce Rythme de Batterie, est géniale.

Les 3 Autres Morceaux sont différents. Midnight In Tula fait penser à la Course Poursuite du Premier Terminator, c’est vraiment la même Ambiance « Synthé Années 80 ». Convention Of The 24 est chiante comme la pluie. Par contre, White Eagle est d’une Finesse Magnifique, c’est rare de voir le Groupe proposer un Thème qui avance sur la Pointe des Pieds, presque par Politesse. On pourrait trouver cette Musique dans Secret of Mana. Après la moitié du Titre, arrivent des Voix : « Tchap Tchap Tchap Tchap… »


Sublime ! Ca rend tout de suite la Chose plus Humaine, et c’est tant mieux. White Eagle est vraiment un Album idéal pour découvrir Tangerine Dream. Dans le même Genre, mais en encore mieux, Force Majeure ! Je pense que c’est mon Préferé toutes Catégories Confondues. Il possède tout ce que j’aime dans Tangerine Dream, mais disposé exactement comme je l’aime : Ouverture toute en Glauquerie, mais pas trop, avec ce Chœur Obsédant, et surtout, contrasté, comme une Lente Exploration. C’est géant, car on sait déjà que pendant que le Groupe fait ça en boucle, mine de rien, ils préparent le Terrain pour ce qui va arriver après, ils sont déjà ailleurs, et nous, on attend, on sait que quelque chose va arriver, va déboucher au Bout de ce Tunnel. Réminissences de Rubycon, Flûtes de Stratosfear, tout est là, l’Envolée Magique s’installe, et je suis impatient, car je sai que quelque chose va démarrer, mais quoi ? Hmmm, une Ligne de Basse !


Et c’est là que Force Majeure m’a bluffé, et continue de me procurer des Milliards d’Emotions et de Bonheur : pas de Ligne de Basse, mais à la place, un Riff de Piano à tomber par Terre. Et tout derrière, mais alors tout derrière, il y a quand même une Basse, mais ce qui prime, ici, c’est le Piano, et vous savez à quel Point j’aime le Piano… Joie ! la Guitare crie quelques instants, la Batterie se met en place en faisant varier l’Ouverture, en structurant le Jeu au fur et à mesure que le Bazar pose des briques unes par unes. La Guitare se promène, le Piano est toujours aussi présent, chaque Note est Vitale, puis une Guitare Acoustique (si rare dans Tangerine Dream) introduit le Solo de Guitare Electrique qui joue des Notes vraiment Belles, Simples, facilement chantables ! Et toujours cette Batterie derrière, infatigable, qui continue, avce le Charleston, les Cymbales, du Génie !

Encore plus de Génie : des coups de Tambours introduisent le Deuxième Mouvement de Force Majeure : un Thème au Synthé que j’adore chanter s’installe, et la Batterie derrière, très Rock, très Basique, la Guitare Acoustique, qu’on entend un peu, donnant un foisonnement de Sons Variés, et ce Thème, tout simple, qui s’envole, virevoltant, dansant, le tout sur un Rythme finalement assez Rock FM !




Autre Mouvement, à la Fin du Thème, annoncé par le Retour des Deux Notes de Basse Ultra-Simple, et un Son de Locomotive passant d’une Baffle à l’Autre ! La Basse modifie un peu son Jeu, pleins de Sons dans tous les Sens inondent le Cerveau, tout en gardant un Coté « Mélodieux » du plus bel effet ! La Guitare joue un Motif un peu Triste, ça se développe, et puis… Daoum ! Tubular Bells ! Un Son de Cloche, qui annonce encore un Changement, sur fond de Sons Electroniques très SF. Le Synthé improvise doucement, et puis on arrive au Troisième Point Culminant de Force Majeure : un autre Thème débarque, simple à retenir, que l’on peut chanter, très beau lui aussi, tout en Finesse, rappelant White Eagle (le Morceau Titre) dans son aspect « Délicat ». La Batterie arrive alors, et c’est parti pour un Passage très Kitch, ou le Synthé joue un Motif très Imagé, drôle et dansant comme tout ! Ce Passage Kitchounet clôt Force Majeure. QUE du BONHEUR ! Les Autres Morceaux de Force Majeure sont pas mal. Cloudburst Flight est sympa, c’est une Long Développement avec la Guitare Electrique qui s’amuse longtemps, sur différents Motifs. Quant à Through Metamorphic Rocks, c’est vite chiant. Reste que le Morceau Titre de cet Album est FA-BU-LEUX.


Hyperborea. Encore un Nom qui gonfle, mais pas grave. Sept Morceaux collés les uns aux autres, parfois Magiques, parfois un peu trop légers pour être aussi Merveilleux que Force Majeure. Ca fait pas mal penser à la BO de l’Histoire Sans Fin, sans Orchestre. C’est à 18 Minutes que c’est bien sympatoche. Rythmique impeccable, Synthés Rigolos tout en Bip-Bip, avec des Accords souvent Fabuleux. Vers 25 Minutes, on replonge en arrière vers les Rythmiques de Phaedra ou Rubycon, et enfin, la Dernière Partie est de toute beauté, les Percussions étant vraiment intéressantes et complexes.

Tangerine Dream ne se laisse pas apprivoiser. Il faut plusieurs écoutes pour profiter pleinement du Bonheur que procure ces Grands Paysages Panoramiques. Je vous souhaite une bonne plongée, si jamais il vous prenait envie de découvrir Force Majeure, Ricochet ou « Encore ».


Si vous fouinez un peu plus, il y a aussi le Live Pirate dans la Cathédrale de Reims, lors de la Tournée Ricochet. Une Heure et Demie de Bonheur, Improvisations Incroyables… Album Terrible dans le même Style : Moondawn, de Klaus Schulze ! Deux Morceaux : Floating, et Mindphaser. Floating est un Bijou de Transe.




[ 20 Juillet 2004 - E-Mail ]