Oui, le Klub des Loosers, c’est du Rap, ou du Hip-Hop, comme vous voulez, comme on veut, après tout ça n’a pas d’importance. Et comme dans toute chose où la Musique n’a de valeur que d’Accompagnement, ce qui est important, ce sont les Paroles, que je trouve bien plus travaillées que la plupart des autres Trucs que j’ai pu écouter dans le Rap. On trouve quoi d’autre de bien dans le Klub ? Des Choses qu’on ne trouve d’ordinaire pas à tous les Coins de Rue dans le Rap/Hip-Hop : De l’Autodérision poussée au Maximum (dans « Vive la Vie », cette Autodérision va jusqu’à se moquer de son propre Suicide), beaucoup d’Ironie, de Sarcasme. On est très très très loin de l’Image d’un Rap Viril de Grosses Brutes dont le seul But est un Accomplissement Matériel via des Grosses Voitures, des Femmes en String, plein de Bijoux qui font Bling Bling...

Certaines Expressions sont de toute Beauté, et ce qui est bien, c’est qu’elles restent dans la Tête et dépassent le Cadre de « Paroles faisant partie d’une Chanson ». Oui, certains Passages trottent encore dans la Tête, sans qu’on pense tout de suite que ça vient d’un Morceau de Rap, avec sa Musique ou son Univers. C’est (pour moi) très bon Signe, ce fait de se souvenir des Paroles, au-delà du moyen qui nous les a fait entendre (la Musique). Les Paroles acquièrent une Existence propre, qui peut même se passer du moyen qui les a véhiculés. La Musique comme vecteur d’Idées, de Trouvailles. Le Rap permet de déclamer de longues Phrases, ce qui aurait été impossible dans le Carcan étriqué de la Chanson Pop où tout doit forcément suivre un Rythme. Ici, pas d’Histoire découpée en vers, en couplets, nous avons affaire à de Véritables Petits Textes qui pourraient très bien vivre sans la Musique. Il y a Officiellement 2 Albums du Klub des Loosers, ainsi qu’un EP.

On attaque l’EP « La Femme de Fer » qui débute par une Intro dans laquelle on entend la Voix de la Fille de Tracks, extraite d’un Sujet sur le Klub que j’ai malheureusement raté. La voix nous dit « Versailles, Futur du Hip-Hop ? Faudrait pas trop pousser ! » Une Introduction toute en Trompettes, puis c’est l’Hymne du Klub des Loosers, dont la Musique marque un Changement par rapport au Buffet des Anciens Eleves. Mais le Morceau Merveilleux de cet EP, c’est « La Femme de Fer », que je me refuse de voir comme une simple Chanson pour se moquer des Handicapés Moteurs.

Non, je pense qu’il y a quelque chose de plus derrière (ou alors je me trompe) mais on dirait qu’il y a derrière l’Ironie et le Sarcasme un Hymne à l’Amour, Version Fuzati. Voilà quelques Paroles : « Si mon amour pour toi devrait être comparé à ta taille, je dirais qu'il est plus grand, forcément... » puis « Blessé par son accident, je n'aime pas trop l'évoquer - Préfère raconter que nous avons fait une partie de jambes en l'air et que mystérieusement les siennes ne sont jamais retombées ».

Extraits : « Dans la vie seul le contexte semble compter ainsi un type assis sur un banc les cheveux longs et sales mal habillé vomissant de l'alcool est sans nul doute un SDF un petit peu éméché ; dans une soirée un type les cheveux longs et sales mal habillé affalé sur une banquette vomissant de l'alcool est un branché » ou « J'ai trouvé comment être l'homme le plus riche de toute l'humanité : il suffit que j'invente le fer à repasser les égos froissés » Le Morceau suivant « Dead Hip-Hop » me touche un peu moins, il parle du Hip-Hop et de ce qu’il est devenu selon Fuzati. J’aime bien quand Fuzati dit que le Hip-Hop est Mort, puis qu’il soupire : « Ooooh… » comme si ce n’était pas si grave. La Fin du Morceau est intéressante, quand Fuzati dit « On danse, mange, pense, marche ou même s'habille à la manière hip-hop. Alors souvent je me dis, patience le hip-hop sera bientôt une religion. Il suffit simplement d'attendre que quelqu'un tue en son nom » !

Morceau Suivant : « Avec les Larmes », bien Triste, dans lequel Fuzati se rassure en se disant que les Déceptions Amoureuses, on les oublie, elles s’en vont avec les Larmes. On poursuit le Thème « Fuzati & Anne-Charlotte » avec « Autour d’un Verre » dans lequel Anne-Charlotte esquive Fuzati une fois de plus, dans une Ambiance qui rappelle les Musiques de Films Erotiques des Années 70. « Ne Plus Y Croire » est pas mal, racontant l’Histoire d’un Livreur d’Amour déversant du Sens dans la Vie des Gens, avant que l’Amour ne s’estompe.

« Toute la Vérité » ne me fait rien, et la Musique est ratée… Fuzati livre un Morceau Génial avec le Titre suivant : « Poussières d’Enfants » Extrait « Je me demande pourquoi ils disent que les enfants sont innocents. Je me souviens lorsque j'avais six ans la vision d'une fourmi se débattant dans un verre d'eau me donnait fréquemment des érections. J'ai pris des photos de cet hérisson écrasé sur le bord de la route. Il est mort mais la vie grouille en lui.

Il est mort, pourtant le soleil tente de réchauffer son corps et les effluves qui en émanent sont les même que celles que l'on sent près de la tombe de mamie lorsqu'on vient en arracher les mauvaises herbes durant l'été. » Le Refrain avec le Chœur d’Enfants est bien trouvé, l’Ambiance est cohérente.

« Le Rendez-Vous Manqué » est encore une Conversation Téléphonique entre Fuzati et Anne-Charlotte, qui une fois de plus ne peut pas le voir, enfin elle sait pas, mais elle le rappelle, elle. « De l’Amour à la Haine » est une Titre défouloir dans le quel Fuzati déverse Haine, Rancœur et Aigreur envers une Petite Amie partie. Le Générique de « Cannibal Holocaust » est samplé pour le Refrain. Marrant d’utiliser un Extrait Musical de ce Film pour une Chanson parlant d’Amour !

C’est ensuite un Morceau qui s’appelle « Sous le Signe du V » qui arrive dans vos oreilles. Fuzati y dépeint Versailles, son Ambiance de Ville de Province des Années 60, ses Etudiants en Classe Prépa qui se suicident, ses Djeunz qui ont un T-Shirt Che Guevara mais ne savent pas qui c’est (y’en a d’ailleurs partout, pas qu’à Versailles...) La Musique est vraiment bonne (composée par un Membre de Air), c’est un Titre qui mérite le Détour… Voilà un Extrait : « Tous sont persuadés de faire partie d'une élite éduquée. Alors que tous se piquent leur place dans la queue de la Boulangerie ou du Marché. Je ne connais pas d'autre endroit où à 40 ans les femmes portent encore le serre-tête en velours . Attendent un douzième enfant et vont se confesser tous les jours. C'est d'ailleurs ici que plein de jeunes ont rencontré notre Seigneur Jésus. J'ai beau arpenter les rues, pas de chance je ne l'ai jamais vu. Marie-Charlotte aimerait me faire croire qu'elle a quelques amis basanés. Mais ce ne sont que Pierre et Louis qui rentrent bronzés de l'Ile de Ré. » « Un Peu Seul » a une Musique Terrible, ainsi que « Je me sens seul, ils ont coupé mon cordon, depuis je n’ai plus été rattaché à personne » que l’on retrouvera dans le Dernier Morceau (caché).

On revient au Duel Fuzati & Anne-Charlotte avec « Peut-être un Verre ? » dans lequel Anne-Charlotte explique pourquoi elle l’a pas rappelle l’autre fois : Elle était avec son mec. Bing. Le Titre d’après est un de mes Préferés, la Musique y est d’Enfer, et les Paroles me font sautiller : « J’adore déambuler dans mon appartement robe de chambre mauve largement ouvert sur mon torse bien fourni depuis que j’y ai collé les poiles coupés sur mes jambes et mes testicules. Personnellement, comme ça je trouve que j’ai trop de classe ! » avec Tekilatex pour le Refrain avec « Mais pas Stable !! » (extrait du Morceau La Ville en Juin du Buffet des Anciens Eleves) qui vient du Titre « La Ville en Juin » de l’Album du Buffet des Anciens Elèves. « Depuis que j’étais Enfant » est bof-bof…

L’Album se termine en Beauté avec « Perspectives » qui, si il est court, réussit franchement à me mettre dans la Poche avec des Paroles Géniales comme « A bac +5, je me ferais sûrement 5000 euros par mois en ne dormant plus et cumulant 35 stages à la fois. Souvent, je me dis que ma retraite est comme la femme de ma vie : Je risque d'être mort avant de la toucher. Je suis voué à mourir lentement comme l'industrie du disque mais je n'ai pas à regretter de ne pas avoir pris assez de risques Il y a des gens qui attendent de moi des choses extraordinaires mais désolé, je n'ai pas envie de mettre un frein à la misère ça bouleverserait l'économie et elle est tellement fragile… Si je te dis que j'ai un cancer, tu me laisseras tranquille ? » Enfin, pour conclure l’Album, Fuzati appelle Anne-Charlotte, dont il n’a pas eu de nouvelles depuis un moment. Que lui est-elle arrivée ? On ne le saura pas… Si vous laissez le Blanc continuer, vous arriverez au Morceau Caché, dont voici les Paroles, qui sont pour moi tout simplement les Meilleures de l’Album, Essentielles, qui résument tout.

« Bizarrement le Klub des Loosers semble plaire à quelques personnes, ils ont fortement apprécié mon sens de l’autodérision. Je m’demande ce qu’ils diront en apprenant que mon corps pourrit lentement à une corde, ça c’est mon sens de l’auto pendaison. Malgré mes lunettes j’ai peur que les corbeaux viennent manger mes yeux, quelque part c’est mieux. Je n’aurais plus à supporter la vision immonde de toutes vos têtes, en même temps on ne voit plus quand on est mort. C’que j’dis n’a pas d’sens, ce qui n’m’empeche pas d’être gentil.

Depuis ma naissance je voulais juste trouver l’amour, j’ai cherché partout, dans la poubelle de ma voisine où des restes de paella côtoyaient des tampax usagés, mais il n’y était pas ! A l’intérieur de ce canard que j’avais ouvert pour voir comment c’est dedans un canard, mais il n’y était pas ! Pas plus qu’au fond de mon paquet de corn-flakes où il n’y avait qu’un lutin en plastique vert, je l’avais déjà en double ! J’étais triste, très triste, déprimé. En regardant vers l’horizon j’ai vu ma joie qui s’enfuyaient, je lui ai dis « Reviens ! », elle m’a fait « Dégage ! » Dès lors le monde m’apparaissait comme un livre interminable, tous les jours je souhaitais pouvoir en arriver aux dernières pages, mais un jour devant une fille je me suis senti tout bizarre.

Le soir en pensant à elle je pensais tellement à elle que je pensais être amoureux. J’aurais voulu qu’on m’félicite, mais les médecins m’ont dit que j’avais juste l’appendicite ! En m’ôtant cette partie de mon corps ils ne se doutaient pas qu’ils m’ôtaient également l’espoir de pouvoir un jour approcher le bonheur car paraît-il seul l’amour peut introduire, lui. J’m’en fiche maintenant, enfermé dans ma chambre, je bois des bières toute la journée et je n’attends rien de cette vie. Ce qui n’est pas trop grave je pense avoir trouvé le moyen de mettre un terme définitif à tout sentiment d’ennui. »